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Sujet : "God bless America !"


De Impétueux, le 26 février 2020 à 18:47
Note du film : 4/6

Il serait bien injuste de dire autre chose que du bien d'un film sympathique, souvent touchant, qui donne envie de se réconcilier avec l'ensemble du genre humain et qui montre sans méchanceté mais en les poussant jusqu'à l'absurde les vilenies et conneries du petty apartheid, c'est-à-dire l'apartheid mesquin imposé plus d'un siècle après la fin de l'esclavage aux Noirs des États-Unis. Les places interdites dans les autobus, les hôtels et restaurants réservés aux Blancs et – comme il est montré dans Green book – la cabane au fond du jardin qui peut seule être utilisée par un postérieur de couleur. Ou, autre comble de l'absurdité et de la sottise la règle qui veut que le pianiste célèbre, qu'on se prépare à applaudir ensuite sans arrière-pensée (!!) ne puisse dîner dans la même salle que ses futurs spectateurs.

Donc on ne peut que trouver bien édifiante et rassérénante cette histoire de périple dans le Deep South d'un attelage improbable, une histoire véridique, paraît-il. Don Shirley (Mahershala Ali), pianiste virtuose, new-yorkais, extrêmement cultivé, polyglotte, alcoolique affiché et homosexuel furtif effectue une tournée de concerts dans l'Ohio, l'Indiana, le Kentucky, l'Arkansas et la Louisiane. Il embauche pour conduire sa limousine (on ne comprend pas franchement bien pourquoi) Tony Vallelonga (Viggo Mortensen) videur de boîte de nuit au chômage. Comme de juste le chauffeur issu d'une famille italienne assez tonitruante, est fruste, violent, plutôt raciste ; mais, ce qui est à mettre à son crédit, il est très amoureux de sa charmante femme Dolores (Linda Cardellini). Et, comme à part gagner un concours assez indigeste de dégustation de hot-dogs, il ne voit pas trop comment rapporter des sous à la maison, il accepte de partir à l'aventure.

Au fur et à mesure du long périple et au milieu de nombreuses péripéties (le pianiste récupéré aux trois quarts ivre dans un bar réservé aux Blancs, puis après une relation homosexuelle dans une piscine) les deux hommes finissent par s'apprivoiser puis à s'apprécier. Shirley aide Tony à écrire à sa femme des lettres amoureuses et Tony sort Shirley de bien des mauvais pas. Et la fin du film dans New-York sous la neige le soir de Noël est vraiment gentille comme tout : alors que Tony a rejoint sa nombreuse et vigoureuse famille pour réveillonner, Shirley brise sa solitude et rejoint la chaleur sicilienne (ou calabraise, on ne sait pas trop).

Même si, donc, le film relate une histoire véridique (mais il est vrai que le scénario a été écrit par le fils de Tony, Nick Vallelonga), on ne parvient pas tout à fait à marcher. C'est un peu trop consensuel, un peu trop conte de fées, un peu trop sucré et quelquefois ça peut aller jusqu'au douceâtre. Mais enfin la musique est excellente, les deux acteurs principaux sont remarquables et on a tout à fait le droit d'apprécier un film qui, pour une fois dans le paysage du cinéma moderne, porte une pensée positive qui n'est pas ridicule et gnan-gnan, mais intelligemment humaniste.

Ça tombait bien : le carême a commencé aujourd'hui.


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