Quoi que l'on pense de Alfred Hitchcock, du ton daté de certains de ses films.

Si l'on s'intéresse au cinéma, si l'on est un amateur du chef-d'œuvre Psychose.

Si l'on s'intéresse aussi à Hitchcock, qui dans la réalité était un bougre compliqué, souvent jubilatoire, taquin, porté sur la bouteille…

Si l'on s'intéresse à Ed Gein…

Le biopic d'Hitchcock qui ne tient compte que du moment où le réalisateur en pleine usure après le succès de La mort aux trousses n'avait comme seule ambition (malsaine ?) de retranscrire l'affaire qui avait épouvanté l'Amérique.

Une fois l'idée lancée c'est son entourage, les producteurs, les acteurs qu'Hitchcock a dû affronter pour construire un projet qui n'était qu'une vague idée de départ. Scandaleuse, dès le début.

Il est intéressant de voir un cinéaste au bout du rouleau s'investir dans un projet audacieux, se démener pour un film qu'il n'est peut-être pas capable de faire. Avec en prime la censure de l'époque. Une épouse puérile. Chantages, menaces, furent utilisés pour se décourager d'oser donner une importance cinématographique au démoniaque Ed Gein.

Hitchcock est passionnant. La fouille imaginative d'un technicien de l'image, d'un réalisateur, soudainement incompris, que l'on imaginait plus ne faire que du divertissement tel La mort aux trousses…

Les intérêts des producteurs qui ne croyaient pas dans le succès de ce qui leurs paraissait un petit film d'horreur sans envergure. Les doutes et les certitudes de Hitchcock. Sa méconnaissance par rapport au Psychotisme dont ils se sentait atteint au moment de lancer l'entreprise, comme le ressentait Anthony Perkins.

Scéances de psychanalyse, introspection… Faire un chef-d'œuvre dans lequel on croit n'est pas un moment rassurant.

Finalement le film alla au bout de l'effet escompté et demeure son plus grand film.

Vieux renard farceur, vieux provocateur, vieux bourgeois qui s'ennuie… Hitchcock avait ses bons côtés.

Excellente interprétation de chaque acteur. Le gars qui joue Hopkins lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Réalisation modeste mais classieuse, humour.

Et bien évidemment [film id=1013Hopper[/film]] avec Massacre à la tronçonneuse fut triplement emmerdé. Bouffée de mélancolie de voir que pour un artiste de l'époque, surprendre, choquer, était plus important que de faire du fric.