"-Un jour, Dieu prit une poignée de terre, façonna l'effigie d'un homme et la mit au four. Il s'endormit. Quand il se réveilla, il s'aperçut que la sculpture était cramée. Ainsi naquit l'homme noir. Il confectionna alors une deuxième statuette qu'il remit au four. Ne voulant pas commettre la même erreur, il la ressortit trop vite du four. Elle était encore blanche , à peine cuite. Ainsi apparut l'homme blanc. Puis il recommença une dernière fois mais, cette fois-ci, il fut tellement attentif à la cuisson, qu'il ressortit la statuette au moment trés précis. Elle était parfaite. Ainsi apparurent les gitans …..-"

C'est comme ça que Muse Dalbray, la grand-mère, apprend à sa petite fille comment sont nés les gitans. C'est un point de vue…Un réalisateur qui connait bien le sujet, Tony Gatlif nous entraîne dans ce monde toujours intrigant que, au fil des humeurs ou autre pseudo-culture, nous appelons Tsiganes, Manouches, Gitans, Roms, Bohémiens, quelquefois mêmes Saloperies, etc. Tout, sauf "gens du voyage" ! Car là, il ne s'agit pas de s'apitoyer sur ces pauvres gens en permanence sur les routes avec d'énormes BMW ou d'immenses Mercedes-Benz pour tracter des caravanes plus luxueuses que la villa de Stallone à Los-Angeles. Ici, nous sommes chez les Gitans sédentaires qui acceptent par force de vivre dans la boue ou la poussière, parqués dans un endroit bien dégueulasse que la mairie du coin et ses fonctionnaires bien-pensants ont eu l'extrême générosité de leur offrir. Parce que le HLM décrit dans le résumé du film, il ne durera que ce que dure la patience des voisins. Et les roses sont battues haut les épines ! Dans ce nouveau baraquement, ca sent la misère, la crasse, les lames de couteaux bien affûtés mais aussi l'orgueil, la fierté et surtout le respect des anciens. Darmon, avec sa gueule taillée à la serpe, son feutre noir et ses chemises et cravates bigarrées porte ce film à bout de bras. Comme les vieux pneus, les rouleaux de fils de cuivre dérobés à l'administration, les chaises rempaillées et les vieux compteurs électriques pas hors d'usage pour tout le monde. Il faut manger et il a charge d'âmes. Pas le temps de danser la Carioca .

Je n'aime pas Darmon, pas plus l'homme que l'acteur. Obséquieux, suffisant, immodeste, hautain, moraliste, jamais pu le blairer, je n'aimerais pas le savoir dans mon dos…Pourquoi je vous dis ça ? Je ne sais pas, il fallait que ça sorte…Mais je dois reconnaître qu'il est magnifique dans cette boue et cette révolte permanente. Excellemment dirigé par un vrai Gitan qui n'a d'ailleurs pratiquement que traité ce genre de sujet ou peu s'en faut, Darmon se fond dans un décor de dénuement qui confine à la mouscaille gluante, fait de flaques d'eau, de cambrioles, de courants-d'air, de désespoir accepté et d'idées bien, trop bien reçues par les honnêtes gens, toujours trés prompts à appeler la gendarmerie ou à voter FN si un de ces "salauds" vient leurs demander un verre d'eau. Et puis il est si bien et souvent relancé par cette maman au caractère bien trempé, la magnifique Muse Dalbray qui laisse à Dieu le soin de fabriquer la race la plus pure à ses yeux…Elle est une école pour cette petite fille un peu perdue entre un papa qui semble vivre entre des barbelés et cette mamie qui ouvrent les portes aux alizés….

C'est un trés beau film, peut-être un peu caricatural. A peine, mais quand même…Il y a des moments de pure émotion et d'autres qui incitent à la haine contre les forces de l'ordre qui harcèlent "ces gens là". Des moments étouffants et des instants de grand vent. Le vent, ce guide du routard des Gitans….Par instants, assez souvent d'ailleurs, on croirait à un reportage et on s'attend à voir apparaître la délectable et inénarrable Élise Lucet venir se mêler de ce qui nous regarde. C'est un instant de 1h30 de gravité, de soleil ou de pluie, de devenir incertain, de mépris regrettable et de réflexions revues et peut-être pas corrigées comme elles devraient l'être, qui nous est offert. Et puis, oui : C'est une trés belle prestation du petit Darmon. La Mouk ne l'aime toujours pas, mais la cinéphile s'incline …

Jamais je n'avais entendu parler de ce film. Darmon est en effet un être repoussant et pas du tout sympa. Il s'était fait piégé une fois dans une caméra cachée et il l'avait pris de façon odieuse ce qui permettait de voir son visage patibulaire, une fois pour de bon !

En tout cas je le pense plus crédible en gitan que ne pouvait l'être Delon.

Darmon se fond dans un décor de dénuement qui confine à la mouscaille gluante, fait de flaques d'eau, de cambrioles, de courants-d'air, de désespoir accepté et d'idées bien, trop bien reçues par les honnêtes gens, toujours trés prompts à appeler la gendarmerie ou à voter FN si un de ces "salauds" vient leurs demander un verre d'eau.

Je connais très bien certaines familles de Gitan là ou j'habite. Il se trouve que l'une d'entre elle est particulièrement célèbre dans les environs et je ne la nommerai pas… En tout cas ils m'ont aidée à plusieurs reprises en m'escortant dans des fêtes de villages pour éviter diverses agressions lorsque j'étais candidat FN dans certaines élections. Les Gitans ne font pas mystère de leur sympathie pour ce mouvement !

Nous avions même eu l'idée et nous avions fait l'annonce avec un cadre de l'UMP de permettre l'installation de plusieurs caravanes sur un terrain privé à quelques pas de chez un notable communiste pour voir quelle serait la réaction d'un certain nombre de braves gens de gauche…