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Forum : La Mazurka du baron

Sujet : L'atrabilaire amoureux


De Impétueux, le 11 août 2018 à 15:15
Note du film : 1/6

Je ne connais pas plus que ça le cinéma de Pupi Avati. Je dois même à la vérité de dire que je n'avais jamais entendu parler de lui que pour un film d'angoisse, La maison aux fenêtres qui rient, dont le beau titre étrange m'attire mais que je ne suis jamais parvenu à voir. L'occasion m'ayant été donnée de regarder La mazurka du baron j'ai glissé avec une certaine curiosité le DVD dans mon lecteur. Et, après l'en avoir retiré, je suis resté bien perplexe et guère séduit.

Prenons une grande famille de Romagne, dont l'ancêtre légendaire, Girolama Pellacani, violée en 726 par les Lombards en se sacrifiant pour sauver ses malheureux compatriotes a passé sa longue existence dans un figuier où elle a donné naissance à un enfant, ne se sustentant que de figues et d'eau de pluie. Le figuier est devenu l'objet de pèlerinages et l'occasion de nombreuses guérisons miraculeuses. En 1936, au retour des Jeux Olympiques de Berlin, un jeune champion italien, descendant direct de la sainte, Antaeus (Ugo Tognazzi), monté dans le figuier pour remercier Girolama, en tombe et se fracture la jambe de façon si grave qu'il va demeurer boiteux à vie. Il va nourrir dès lors une haine inexpiable pour sa famille et la religion.

Devenu héritier de l'immense propriété des Pellacani et de millions de lires, revenu au pays après avoir mené une conduite désastreuse il n'a pour obsession que de détruire le figuier qui a fait son malheur. Et naturellement le reste de la famille et le clergé du coin s'y opposent.

Par hasard arrive dans la bourgade une sorte de bordel ambulant, dirigé par Checo (Paolo Villaggio) et ses deux gagneuses, la noire Silvana (Lucienne Camille) et une rousse (Delia Boccardo) dont on ne connaîtra pas le prénom mais qui ressemble à s'y méprendre à la sainte Girolama. Au contraire de Silvana, elle n'a pas vraiment la vocation de la cuisse légère. Pour goûter les fruits, elle monte dans le figuier, Antaeus la voit, est frappé de stupeur, se convertit dans l'instant. Il sera exploité jusqu'au trognon par la compagnie de mauvaises mœurs jusqu'à ce que, complétement ruiné, il prenne la route en sens inverse d'un flux ininterrompu de voitures qui viennent implorer la fausse sainte…

Pour farfelu qu'il est, le scénario n'est pas imbécile et il a au moins le grand mérite de l'originalité. Mais pour maîtriser cette curieuse mixture d'anticléricalisme débridé, de sarcasme envers la bonne société et de sexualité canaille et roublarde, il faudrait pour le moins le génie baroque de Luis Bunuel, le Bunuel de Viridiana, qui n'est d'ailleurs pas, et de loin, son meilleur film. Mais Pupi Avati manque, à mes yeux, du sens du sarcasme et de celui du sardonique. Toute la partie sur l'affreuse famille avide d'Antaeus, toutes les séquences qui mettent en scène sa cousine nymphomane Eugenia (Patrizia De Clara) tombent à l'eau, noyées dans l'excès vulgaire et le graveleux.

Ugo Tognazzi n'est manifestement pas dirigé, mais son talent est tel qu'il sort bien son épingle du jeu. Le reste de la distribution est de médiocre niveau. Le film décontenance, ennuie souvent, n'amuse jamais, ce qui est bien regrettable pour une farce…


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