The Sons of Katie Elder (1965) est une oeuvre de maturité de Henry Hathaway,
réalisée pour Paramount avec la participation de contributeurs expérimentés. Le scénario adapte un récit de Talbot Jennings (Mutiny on the Bounty,
Northwest Passage,
…). Katie Elder
traite de nombreux thèmes (rapports sociaux, humains, familiaux) parfaitement déclinés en idées et péripéties pendant près de deux heures, sans une séquence d'un intérêt moindre. L'absence de la mère, décédée, dont on se rappelle les épisodes de sa vie, est traitée avec finesse : un gâteau maternel apporté par la voisine, ou un rocking chair qui se balance, vide. Comme souvent chez Hathaway, le héros (John Wayne)
est positionné du bon côté de la barrière, mais de justesse. Wayne a pris 24 ans et de l'embonpoint depuis The Shepherd of the Hills
(1941) mais son personnage reste celui d'un homme rude, fort, opiniâtre, orientant une affaire familiale qui oscille entre âpreté et tendresse.
Dean Martin en joueur de cartes et hâbleur de saloon, apporte sourire, charme, et esprit de dérision. Dennis Hopper
campe un être faible de caractère, fils du coriace maître des lieux. La photographie de Lucien Ballard
est superbe, les extérieurs sont magnifiques, les couleurs à dominante bruns rappellent celles de The King and Four Queens.
Un point fort de The Sons of Katie Elder
est son sens du réalisme : de l'enterrement introductif à la poursuite finale, les séquences sont réalisées avec des personnages parfaitement campés dans l'espace, évoluant logiquement dans le temps. Ce réalisme est doublé d'un certain perfectionnisme : le "docteur" local, appelé à la rescousse pour soigner un des frères Elder, rapplique en quatrième vitesse, et sort de sa mallette d'authentiques instruments de l'époque. Peu de réalisateurs possèdent comme Hathaway cette capacité à conduire sur la durée un récit aussi haletant, en doublant une forme de qualité par un fond non dénué de sens et de valeurs.
Essayons de transposer cette absolue nullité qu'est Les 4 fils de Katie Elder dans un environnement civilisé, à Paris, à Rome, à Londres, à Vienne ou même à New-York : ce serait un petit polar assez mal fichu où quatre frères, plutôt mal élevés, mais qui, comme tous les bandits siciliens, adorent leur vieille maman, se retrouvent à son enterrement et constatent, alors qu'ils l'ont plutôt délaissée, qu'elle avait bien des soucis et qu'un requin vorace lui avait fait bien des misères, la dépouillant à peu près de tout ce qu'elle possédait.
Tout le monde soupçonne ces voyous de Elder d'avoir semé, sur les terres apparemment paisibles du comté, l'abomination de la désolation (Da 11:31) et envisage avec plaisir la disparition de ces fauteurs de trouble, au demeurant de fort mauvaise réputation. Naturellement ça se termine très convenablement pour ces vauriens qui ne perdent qu'un de leurs membres, l'insignifiant Matt (Earl Holliman) au cours de leurs aventures et de leurs pistolétades.
J'ai rarement vu western aussi ennuyeux, aussi poussiéreux, aussi insignifiant ; il ne s'y passe presque rien, sinon le minimum syndical de coups de révolvers et d'explosions diverses ; tout est paresseux ; les habitants du village, pourtant sur les dents, ne paraissent se réveiller qu'après avoir entendu pendant cinq minutes des tirs nourris, le méchant Hastings, poursuivi par le vaillant John Elder se réfugie sottement dans le seul endroit où on est certain de pouvoir le trouver, son magasin d'armes et d'explosifs (j'allais écrire de farces et attrapes) qu'il ne sera pas trop difficile à John de faire sauter en tirant sur un baril de poudre (franchement, dans les pires films de pirates, avez-vous déjà vu le flibustier méchant aller se terrer dans la Sainte-Barbe ?).Film puéril et languissant où les relations entre les frères, qui auraient dû, prioritairement faire le suc de l'intrigue, sont à peine évoquées… Deux heures de perdues. À fuir.
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