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Forum : Une Fille... pour le diable

Sujet : La fin d'une époque


De verdun, le 22 novembre 2017 à 22:58
Note du film : 2/6

En 1976, sort ce dernier film long-métrage d'horreur de la Hammer avant sa résurrection au début des années 2000.

Surfant sur le succès de L'exorciste, la firme décide d'exploiter le registre du satanisme en adaptant un roman de Dennis Wheatley, qui avait déjà inspiré Les vierges de Satan. Hélas dix ans plus tard la maison de production britannique est en perte de vitesse et il n'y a plus Terence Fisher derrière la caméra.

Sur le papier, le scénario est intéressant: John Verney (Richard Widmark), un spécialiste des sciences occultes, est chargé de veiller sur la fille d'un ami, religieuse promise à un groupe sataniste pour l'offrir au Diable. De quoi donner une œuvre angoissante et captivante.

Hélas le résultat déçoit. La première heure est terriblement languissante et ennuyeuse. A l'inverse, les vingt dernières minutes sont trop vite expédiées.

L'interprétation elle aussi est déséquilibrée: Christopher Lee, passionné d'occultisme dans la vraie vie, est très bon et très charismatique en prêtre excommunié devenu chef de secte diabolique. En revanche, Richard Widmark, grand acteur par ailleurs, ne semble pas dans son élément. La débutante Nastassja Kinski s'en sort plutôt bien dans le rôle de la religieuse. Elle est déshabillée de façon assez gratuite à la fin du film: on sait qu'à cette époque -les années 70- la Hammer rajoutait de la violence et de l'érotisme afin de coller à l'air du temps…

Un échec symptomatique de la déliquescence de la Hammer mais je mets deux points pour la présence de Christopher Lee et pour les quelques séquences-chocs réussies, notamment celle d'un accouchement assez monstrueux.


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De Impétueux, le 23 novembre 2017 à 11:37
Note du film : 4/6

Le sujet paraît, de fait, très intéressant ; mais souvent, dans le genre, le réalisateur ne prend pas au sérieux son thème et fait un banal récit d'aventures horrifiques (désormais dénudées, comme vous le dites, Verdun). C'est dommage pour la cohérence du propos.

Je suis intrigué par votre dernier paragraphe, notamment sur l'accouchement monstrueux. Je me rappelle avoir vu, sans doute vers 1976, un film où une sectatrice de Satan devait accoucher d'une créature démoniaque en sacrifiant sa propre vie ; ses jambes étaient liées de façon que l'accouchement intervînt par une sorte d'expulsion monstrueuse la déchiquetant. Est-ce Une fille pour le diable ?


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De verdun, le 23 novembre 2017 à 15:13
Note du film : 2/6

La scène que vous décrivez correspond effectivement à l'accouchement très sanglant vu dans une fille pour le diable.


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De Impétueux, le 23 novembre 2017 à 16:31
Note du film : 4/6

Rien que pour ça j'aurais souhaité revoir le film et si on avait évoqué devant moi la scène, j'aurais bien acquis le DVD… Mais vous m'évitez là une dépense, votre avis montrant clairement que le reste du film ne vaut pas la peine.


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De Impétueux, le 5 novembre 2020 à 21:11
Note du film : 4/6

Bien que le film ait été vilipendé à peu près partout et que, paraît-il, Richard Widmark ait beaucoup regretté de s'y être engagé, j'avais tout de même gardé le souvenir intense d'une séquence glaçante et, pour quelques euros j'ai acquis cette Fille pour le diable qui, à la revoyure d'aujourd'hui m'a paru bien plus satisfaisante que ce que l'on en dit et ce qu'elle demeurait dans mon souvenir. Évidemment on ne peut pas mettre sur le même plan les monstruosités satanistes de Une fille pour le diable et celles – qui sont à peu près de la même nature- de la série (des deux premiers films en tout cas) La malédiction qui met identiquement en scène les sectateurs du Prince des ténèbres en les confrontant avec notre réalité souvent matérialiste. Le film de Peter Sykes est un engin de série, qui ne manque pas d'intérêt mais dont les limites sont celles assez bornées, du cinéma de genre, alors que La malédiction vise à un autre niveau.

J'ai écrit cent fois que, dans les films qui présentent l'éternelle agression du Diable contre Dieu (et d'ailleurs, d'une façon générale la dialectique du Bien et du Mal), ce qui est le plus fascinant, le plus intéressant, le plus glaçant, c'est la troupe des sectateurs du Prince des ténèbres qui se sont voués corps et âme à Satan. Combien Une fille pour le diable gagnerait s'il ouvrait des perspectives sur le fascinant dévouement, sur le sacrifice agréé, consenti, espéré de Margaret (Izabella Telezynska) ou d'Evelyn (Eva Maria Meineke), qui entrent avec détermination dans ce sacrifice ? La première, enceinte d'un fœtus diabolique monstrueux, qui, jambes et chevilles ligotées, en accouche dans l'explosion de sa chair, en refusant toute aide à la morphine pour la soulager, la seconde en se vidant volontairement de son propre sang afin de permettre la révélation au monde d'Astaroth ?

Malheureusement le film fait une impasse totale sur la fascination des sectateurs du Mal, se contentant de les voir suivre aveuglément le prêtre excommunié Michael Rayner (Christopher Lee), sans que l'on sache comment ils l'ont rencontré et ce qui les a attachés à lui d'une façon absolue. Et c'est pourtant là qu'il serait fascinant de voir leur détermination. Encore faudrait-il que le réalisateur joue le jeu, pour permettre au spectateur de croire un peu à ce qui lui est présenté. J'imagine assez que dans le roman de Dennis Wheatley, dont le film est une succincte, minimale adaptation, cette sorte de couvent abrité sur une île d'un lac de Bavière où sont réunies les nonnes de la damnation, qui élèvent l'élue, la promise Catherine Beddows (Nastassja Kinski) est un peu davantage présenté ; comme devrait l'être Isabel (Anna Bentinck), la mère de Catherine, qui en a accouché, elle aussi, en sacrifiant sa vie, dans un flot de sang abominable et convoité. Je crois que Wheatley, auteur à immenses succès, notamment du roman dont ont été tirées les excellentes Vierges de Satan de Terence Fisher en 1968 a bien tordu le nez devant le caractère assez sommaire et elliptique de l'adaptation faite par Peter Sykes et son scénariste Christopher Wicking de sa riche matière.

On peut penser que Dennis Wheatley, écrivain spécialiste d'occultisme et de démonologie s'était lui-même mis en scène dans le romancier occultiste John Vernay/Richard Widmark qui entreprend de sauver de l'horreur Catherine (Nastassja Kinski), vouée à devenir l'incarnation du Diable sur la terre et ne découvrira que progressivement la réalité de la conspiration sataniste. On voit bien malgré les maladresses de l'écriture et de la réalisation qu'il y avait là une assez intéressante fresque qui ne demandait qu'à être développée.

Malgré d'immenses insuffisances, quelques séquences ridicules et le parti-pris de tourner Une fille pour le diable comme un film d'aventures fantastiques, ça ne manque pas de qualités ; d'abord parce que l'Angleterre brouillardeuse, quinteuse, pluvieuse, aux vieilles maisons salies par les suies et aux campagnes miraculeusement vertes se prête particulièrement bien au genre fantastique ; puis parce que Christopher Lee, par sa seule présence, parvient, sans ridicule, à faire gober les situations les plus improbables ; et enfin parce que le culte du Démon, quoi qu'on en dise et on en pense, c'est tout de même un bien beau sujet d'angoisse.


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