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Sujet : Les secrets de l'oreiller


De Impétueux, le 1er août 2017 à 17:54
Note du film : 3/6

Voilà un drôle de film, le premier que je vois de James Whale, le papa cinématographique de Frankenstein. Un film qui commence très bien, de façon à la fois drôle et angoissante et qui, malgré une très brève durée (1h10) se termine languissant et ennuyeux. Quelle bizarre chose ! On a l'impression que Whale a reculé devant le paquet d'horreurs glaçantes qui aurait pu être évoqué et qui aurait sali le climat comme il faut, de façon à bien épouvanter et qu'il conclut sur des bagarres assez banales où les gentils s'en sortent et où les méchants restent (en gros) entre eux. C'est bien dommage, parce que c'était très bien parti.

De quoi s'agit-il ? D'un jeune couple britannique, Philip et Margaret Waverton (Raymond Massey et Gloria Stuart) qui, accompagné d'un ami, Roger Penderel (Melvyn Douglas) s'égare, sous une pluie battante, dans les montagnes galloises et, contraint à le faire par des glissements de terrain, se réfugie dans une sinistre noire maison isolée ; les trois voyageurs sont reçus de façon glaçante, d'abord par un serviteur grincheux et muet, Morgan (Boris Karloff), puis par son maître, Horace Femm (Ernest Thesiger), aussi expansif qu'une porte de prison et mystérieux qu'un guide nord-coréen qui se résout sans enthousiasme à accueillir les naufragés. Survient alors la sœur d'apparence acariâtre et même hystérique d'Horace, Rebecca Femm (Eva Moore), qui fulmine et s'exaspère et voudrait jeter tout le monde à la porte.

Ce qui commence très bien, donc, c'est qu'avec beaucoup de rythme se succèdent des dialogues extrêmement réussis, chargés d'humour anglais (car si le film est étasunien, Whale était britannique) et la découverte d'une maison affreuse, sombre et alambiquée ; et puis des voyageurs qui sont obligés de s'arrêter là où ils ne l'auraient pas souhaité, c'est un très agréable standard du cinéma grinçant de L'auberge rouge au Château des quatre obèses et à une palanquée de films récents. Et dans La maison de la mort commencent à s'agglutiner des révélations morbides… Une autre sœur à la cuisse légère morte après un accident de cheval dans les pires souffrances, un père débauché et très vieux qui vit peut-être encore, un frère fou tenu enfermé dans sa chambre… Et puis survient, lui aussi chassé par l'orage, un nouveau couple, le richissime William Porterhouse (Charles Laughton) et la gracieuse Gladys DuCane (Lilian Bond). En place pour le quadrille !

Excellent matériau que tout cela en apparence : huis clos, voyageurs imprudents, hôtes énigmatiques, colossal serviteur bestial, maison tortueuse, lourd passé dissimulé, secrets derrière les portes, gémissements et ricanements dans les corridors. Et c'est là que tout s'arrête, même si la découverte de Sir Roderick Femm patriarche centenaire et alité introduit le malaise d'autant que c'est une actrice britannique aux traits ambigus (Elspeth Dudgeon), qui interprète le rôle…

Mais là où on aurait volontiers trouvé le nid d'une famille monstrueuse, anthropophage, incestueuse, démoniaque ou tout ce que l'on peut souhaiter dans le genre, ça tourne court et sort simplement de sa chambre-prison un Saül Femm (Brember Wills) mal embouché qui tente de zigouiller tout le monde et de mettre le feu à la maison ; naturellement il n'y parviendra pas et, le matin venu, le soleil retrouvé, les gentils quitteront les lieux (j'oublie de dire qu'il y aura eu des recompositions amoureuses mais ça n'a aucune importance).

Et pourtant, comme le rappelle Jean-Pierre Dionnet dans sa présentation, le film a été tourné en 1932, c'est-à-dire avant le maléfique Code Hays de 1934 qui fit peser sur le cinéma outre-Atlantique une vertueuse chape de plomb jusqu'en 1966…


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