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Sujet : Brumeux sous le soleil ...


De Nadine Mouk, le 20 avril 2017 à 21:43
Note du film : 3/6

Le Havre… Il y a des noms de villes qui ne personnifient pas le cassoulet comme la rose Toulouse, les parfums capiteux de l'enivrante Grasse, ou le vin des rois de Bordeaux, la belle endormie. Quand on évoque Le Havre , c'est de suite un sentiment de désespérance qui nous envahit… Il faut dire que le cinéma n'a pas fait beaucoup de cadeaux à cette ville portuaire qui apparut dans bien des chefs-d’œuvre. La Lison de Jack Lantier, du dépôt des Batignolles, y à fait entendre son strident sifflet dans la mélancolique Bête humaine de Renoir. Les cheminées du Paquebot Tenacity de Duvivier ont envoyé leurs fumées vers un ciel plein de "demain" même si le navire y a laissé son chargement d'illusions sur le quai, comme le disait si bien Tamatoa. C'est encore au Havre que Gabin, le déserteur, a revêtu les hardes de ce peintre qui peignait les choses cachées derrière les choses, puis qui partit se noyer bien au-delà des brumes de ce quai qui semblait condamner tous ceux qui s'en approchaient. Même l'Atalante fit escale dans ce port maudit et accueillit le père Jules et sa clique de chats. Je crois que seul Belmondo a donné au Havre un côté festif avec ses pitreries à la fin du film Le cerveau. Un jour où il faisait beau, au Havre…

Dans Le Havre que j'évoque aujourd'hui, c'est un bien étrange film qui déploie ses ailes. J'avoue que si l'ensemble m'a beaucoup plu sur le moment, je me suis lassée vers la fin et avait hâte que cela se termine. La sensibilité des personnages est formidablement mise en exergue, d'abord par le talent incontestable des acteurs choisis avec soin, et aussi par l'habileté d'Aki Kaurismäki, mais on ne sait pas vraiment trop ce que l'on regarde. On est d'abord tenté de faire une comparaison avec Welcome de Philippe Lioret. Et puis on s'aperçoit très vite que le réalisateur n'a pas réellement envie de nous parler "émigration". Même si elle est très présente. Mais ce n'est qu'un prétexte. D'abord, il veut à toutes forces nous faire revenir à une époque dont beaucoup de gens sont nostalgiques, les années Cinquante. Car il insiste peut-être lourdement et longuement sur les décors, les voitures, les vêtements. Il prend son temps, Kaurismäki. A tel point que, par instant, on pourrait se croire au théâtre. Le Havre est une comédie bizarrement drôle, amère et décalée, avec des dialogues singuliers. Et puis il faut reconnaître que la diction très étonnante d'André Wilms laisse perplexe. Où veut-il en venir avec ses intonations étranges ? Se croirait-il encore dans La vie est un long fleuve tranquille ? En tous cas, il est bien évident que c'est ce qu'il cherche à nous faire croire dans sa quête du social à tout prix, pour faire le bien à autrui. Car les problèmes financiers d'un couple de personnes âgées, l'expulsion des sans-papiers, le sort qui leur est réservé, rien ne lui échappe. Et d'ailleurs, Kaurismäki en fait le motif, le prétexte de ce film. Il y a les gens bien, et les autres. Mais ce n'est qu'un étrange subterfuge ! On sent bien que "le fond" du film n'est pas là. Et c'est déroutant ! nous voulons surtout savoir, par exemple, comment le grand écrivain est devenu cireur de chaussures au Havre, ou pourquoi, le lymphatique Darroussin, commissaire de police de son état fait semblant de faire bien son métier alors qu'il s'en fout royalement. Nous ne le saurons pas …

Nous regardons un film qui traite de l'émigration parce qu'il faut bien une substance, mais nous nous posons sans arrêt des questions qui n'ont rien à voir avec le "sujet", questions dont nous n'avons jamais les réponses. Et ce n'est pas l'apparition de Jean-Pierre Leaud qui nous rassure. Il débarque comme un o.v.n.i . On ne reconnait plus sa voix. Il en rajoute au mystère : de quoi Kaurismäki veut-il vraiment nous entretenir ? Pierre Etaix ne nous en apprend pas plus… Le Havre est un univers dans lequel je n'ai pas réussi à me glisser pour y goûter pleinement le soleil étrangement présent d'un bout à l'autre du film. Car il y fait très beau dans ce film. Dans le cœur de tous ces gens mystérieux. Dans cette revendication permanente de la bonté. Mais de quoi parle t-on exactement ? De désespérance sans brume, ou d'optimisme fou ?


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De Impétueux, le 20 avril 2017 à 23:54
Note du film : 1/6

Mais dans la nomenclature que vous dressez des films qui ont pris Le Havre pour cadre (ou pour cible !) vous avez oublié 38 témoins !


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De Nadine Mouk, le 21 avril 2017 à 17:47
Note du film : 3/6

Ce film là n'est point sur mes tablettes, ami, (bien qu'ayant lu votre critique, il m'a l'air fort intéressant) mais je voulais préciser que ma liste était loin d'être exhaustive et j'ai oublié de le faire . Par contre, votre note lapidaire me fait penser que cette fiction vous aurait quelque peu dérangé aussi aux entournures…. Me trompe -je ?


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De Impétueux, le 21 avril 2017 à 17:56
Note du film : 1/6

Mon appréciation est d'autant plus lapidaire que je n'ai pas vu le film de Kaurismaki alors que le sujet et le cadre m'intéressent. Ça ne manquera pas de se faire quelque jour…


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