L'intermédiaire, réalisé par Satyajit Ray en 1975, est une oeuvre oubliée, voire inconnue y compris des cinéphiles. Est-ce dû à son caractère sombre dans tous les sens du terme (nombreuses scènes nocturnes), et austère, car décryptant de façon implacable les mécanismes de la société indienne des années 1970, celle des utopies révolutionnaires (images de Mao placardées ou peintes à l'université et en ville -Calcutta-) et de la réalité de la vie économique ? Nous suivons quelques personnages, surnageant, magouillant et glissant des enveloppes, avec pour certains des états d'âme.

Les développements du récit confèrent à cette oeuvre une évidente difficulté d'accès, et un investissement du spectateur (non caressé dans le sens du poil, et qui devra être impérativement bien reposé !). La société citadine décrite ici, est grouillante d'activités, plongée dans la pauvreté et les difficultés matérielles, qui impactent le reste. Mais Ray ne condamne pas ni la société, ni ses personnages. La mise en scène est superbe (nombre d'images marquantes, par exemple d'extérieurs urbains) et le film passe correctement l'épreuve du temps. L'archétype de l'oeuvre à rééditer en dvd.