S’ il devait être prouvé que Patrick Timsit était un artiste de talent, voilà qui serait fait avec ce film de Francis Girod, bien maitrisé dans son ensemble et très prenant d’un bout à l’autre . En effet, Après avoir incarné un Landru de toute beauté (si je puis dire), Timsit, bien loin de Koumak, nous offre ici le portrait d’un malade mental manipulateur diabolique. Le crâne rasé et le verbe posé, il tient la dragée haute à un Daniel Auteuil un peu en retrait. Il nous emmène habilement dans un vertige psychanalytique qui ne cherche qu’à déstabiliser son analyste, aux fins d’une vengeance mûrement réfléchie. Ce jeu du chat et de la souris, il le maitrise parfaitement, jusqu’au dénouement final très inattendu.

Le film est un malaise permanent savamment entretenu par des personnages dont aucun ne peut se targuer de glisser sur des rails solides. Anne Parillaud en paumée sexy tisse le lien entre les deux principaux protagonistes et donne la seule note de tendresse à ce film. Michèle Laroque, la femme du psy Auteuil, est là pour accentuer la vie bourgeoise qu’un détraqué ose venir bousculer. Le milieu psychiatrique est fort bien restitué dans ce qu’il a de certitudes, d’indécences et de hasards dans ces terribles failles. À ce propos, Daniel Auteuil a bien investi le rôle, s’est habilement enroulé dans les atours de l’homme de science freudien mais il faut reconnaître qu’il n’arrive pas toujours au diapason se son hermétique et fascinant patient . Peut-on parler de thriller ? Je pense que oui au vu des sensations qui nous ébranlent tout du long. Nous les devons en grande partie à Timsit et ses mystères qui nous fascine littéralement . Il est angoissant au possible et en rajoute à doses comptées. Comme un goutte à goutte, il distille en nous le doute, l’étrangeté, les interrogations sordides, et nous rend paranoïaque à l’extrême. On s’attend à ce qu’il sonne à notre porte…

C’est un excellent film. Surprenant et habile. Un très bon Girod, et ils ne le sont pas tous…