Mais il fallait bien une intrigue, un grenouillage à cette atmosphère quelque peu léthargique. Elle va prendre forme avec le vol d'un tableau de "Fanny" que les pétanqueurs honteux doivent embrasser. Certaines fesses qui s'éclipsent de notre vie peuvent nous laisser de marbre. Mais celles de Fanny, en Provence, sont sacrées pour tout amateur de pétanque qui se respecte. Pas de quoi faire intervenir Columbo
ou Navarro,
mais il faut réparer l'outrage. Et voilà que notre Fernandel
se sent une âme de Van Gogh
et, délaissant quelque peu famille et amis, se met en devoir de refaire ce tableau révéré. Ce travail qu'il veut d'orfèvre, cet "éloignement" provisoire va remettre certaines petites choses en question mais cela n'empêche pas le pastis de couler, les amants de s'aimer et la paix de régner sur ce Pays de Cocagne.
Les dialogues sont sains, la mise en scène est plan-plan. Maurice Cloche
n'a sûrement pas eu à hausser le ton pour diriger ces autochtones qui semblent tout faire, sauf du cinéma. Toute la garde rapprochée de Fernandel
est là, la famille est au grand complet. Seule l'apparition de Leon Zitrone, horripilant, mettra un bémol à cette tendre ambiance.
Mais c'est vraiment un film reposant. On les écoute, on les regarde vivre doucement même si quelques petites frasques verbales nous sortent de notre torpeur ensoleillée. Cocagne, c'est un film pour détendre les excités, les surbookés, les stressés et les frénétiques. C'est une ordonnance. C'est la Provence sans histoires. Ou si peu… Une histoire de fesses volées. Entre Arles et Martigues. Une histoire qui n'a pas dépassé ces frontières. Et que Fernandel
à décidé, pour le cinéma comme on l'aime bien, de nous raconter…
Je vous trouve bien indulgente, Nadine Mouk (au fait vous avez à nouveau disparu ?) pour ce très ennuyeux film qui démontre, s'il en était besoin, aux nostalgiques que le cinéma d'avant connaissait lui aussi de bien médiocres compositions…
Ça commence – et c'est le moins mauvais – par une des nombreuses provençalades entièrement tournées sur la galéjade, le pastis, les parties de boule, les engueulades amicales et portées par un groupe de comédiens blanchis sous le harnais. Et en premier lieu, bien sûr, par FernandelOn sent, ce qui n'est pas désagréable en soi, que Cocagne est un film à petit budget, tourné à la va-vite, sur la base d'un mince roman d'Yvan Audouard. Mais – je ne cesse de le répéter – ce qui peut passer, grâce à la magie des mots dans un livre peut ne rien donner sur l'écran. En fait dans Cocagne
on se laisse assez paresseusement aller, avec un demi-sourire assez résigné, à un enfilage de lieux communs et à la représentation de situations caricaturales sur la douceur de vivre du Midi et sa flemme endémique. Le film se passe dans la belle ville d'Arles et met en scène un conducteur de camion-poubelle, Marc-Antoine (Fernandel)
qui avec son équipe de bras cassés sillonne chaque matin les rues avant de se retrouver dans le café La petite douane dont le patron est Amédée (Andrex).
Café dont la gloire immarcescible est de posséder, solidement protégé dans une sorte de retable, un tableau représentant les avantages charnus de la Fanny qu'il faut baiser à genoux lorsqu'on perd aux boules.
Je renonce à décrire la suite, qui est d'une bêtise absolue et qui s'achèvera sur la conclusion très morale du renoncement du bonhomme à la gloire et à la fortune au bénéfice des valeurs traditionnelles. Et ceci au grand dam d'Hélène/Dora Doll tout enflammée d'ardeur artistique. On confine là au pire mélodrame larmoyant et on se confirme dans l'idée que Dora Doll
était faite pour jouer le drame comme moi pour affronter Teddy Riner en finale olympique…
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