On n'imagine pas ce que fut sa notoriété et pourtant il y a aujourd'hui un acteur qui marche dans ses traces : Gérard Jugnot, doté lui aussi d'une physionomie passe-partout, râleur, colérique, héroïque par la force des choses (voir Monsieur Batignole)
; il est d'ailleurs bien significatif que Jugnot
ait repris dans ce qui fut, il y a douze ans, l'immense succès des Choristes
le rôle exact de Noël-Noël
dans La cage aux rossignols.
Beaucoup de fées s'étaient penchées sur le berceau de Noël-Noël : dessinateur, pianiste, acteur, dialoguiste, adaptateur, scénariste. La vie chantée
est son unique réalisation et il se met en scène dans ce qui fut peut-être le plus abouti de ses talents : celui de chansonnier, qui troussait avec une facilité déconcertante des couplets spirituels et narquois, et en quelques vers impeccables, croquait les travers, les ridicules, les gros défauts, les péchés mignons de toute une humanité. Souvent de petits bijoux de fine observation et de goguenardise gentille qui n'oublient jamais de se moquer de soi.
Observations souvent très fines, par exemple dans Les départs et l’œil subtil porté sur les quais de gare, avec les attitudes de ceux qui partent et de ceux qui restent, les pensées informulées des uns et des autres : un régal. Même orientation avec L'enterrement ou avec Les étrennes. Soucis du quotidien avec Les deux lettres ou Le petit bricoleur. De moindres réussites, toutefois (Le rasoir du coiffeur, Cinéma parlant).
Mais de très jolies grinçantes ethnographies dans deux sketches qui touchent l'un et l'autre à la guerre : Les Polonais, d'abord, où un brave troufion frappé d'amnésie prend les soldats feldgrau pour des Polonais qui – dans son esprit – ont finalement repoussé l'invasion allemande et sont venus au secours de la France et s'étonne des réactions de ses voisins de misère dans un abri lors d'un bombardement. La guerre passée et sa mémoire revenue, il a une jolie réflexion sur la relativité des choses.
Plus grinçant encore, l'apologue Deux et deux font quatre où un matois bonhomme explique à son neveu, qui pense que le bourg où ils habitent n'a que 2000 habitants qu'il en a au moins 4000, puisqu'à peu de temps de distance, plus de 2000 personnes sont venues applaudir avec la même ferveur d'abord le maréchal Pétain puis le général de Gaulle… Et, n'est-ce pas ? ça ne peut pas être les mêmes…La vie chantée présente une kyrielle de visages et de trognes bien choisis ; peu sont connus, même des archéologues, à part Gabrielle Fontan,
Madeleine Barbulée,
Jacques Grello. Noël-Noël
est la seule tête d'affiche ; on peut trouver ce cinéma-là archaïque et insignifiant ; n'empêche qu'on a passé un bon moment.
Charmante poussière…. Quel beau titre ! Puisque vous avez passé un bon moment (et comme je vous comprends !)….Et si vous trouviez une autre formule que Archaique et Insignifiant. Les mots ne manquent pas dans votre riche vocabulaire et le croyant que vous êtes ne peut douter une seconde que vous êtes lu, la-haut …
Oh, Nadine Mouk, moi je ne trouve pas du tout ce cinéma-là archaïque et insignifiant. Je l'aime, le respecte et m'en rassasie. J'écrivais cela pour des esprits qui pourraient juger le film comme ça et le regarder de haut. Ce qui est dommage.
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