Deux films français me viennent en tête, sur l'atmosphère fourmillante de l'hôpital : Un grand patron d'Yves Ciampi
et 7 morts sur ordonnance
de Jacques Rouffio,
deux grands succès, l'un mettant en valeur l'excellence et le dévouement des équipes médicales, l'autre jetant un regard amer sur les manœuvres d'envie, de rumeurs, de haine dans le milieu clinicien.
Le journal d'une femme en blanc participe beaucoup de cette veine et jette un regard intéressant sur la vie d'un service de gynécologie à La Pitié-Salpêtrière pour une bonne partie de son récit. Farces et drames, violences et passions, tout cela est mis en scène avec efficacité par Claude Autant-Lara
à qui on ne peut reprocher de ne pas savoir son affaire en matière de rythme et de découpage des séquences. C'est plaisant et documentaire.
Ce qui est en revanche le cas dans Le journal d'une femme en blanc consacré aux questions de la régulation des naissances et de l'avortement.
Suite logique d'un regard déjà donné à la condition féminine et à la sujétion à une sorte de fatalité traditionnelle ; déjà en 1957 Le cas du docteur Laurent de Jean-Paul Le Chanois
avait évoqué les techniques d'accouchement sans douleur. Avec Le journal d'une femme en blanc,
journal qui est celui d'une jeune étudiante en médecine, Claude Sauvage (Marie-Josée Nat)
, confrontée, au cours d'une année à plusieurs situations de grossesse difficiles et, surtout, à l'avortement clandestin et raté d'une jeune femme, Mariette (Paloma Matta), qu'elle prend en affection, soigne, mais dont elle ne peut éviter la mort à la suite d'une septicémie et d'une attaque de tétanos.
Le film est un peu trop didactique, manque plutôt de nuances, mais il est efficace, quelquefois convaincant. Il y a des moments d'émotion, des moments d'inquiétude dont plusieurs sont réussis.
Ainsi la scène de l'accouchement d'une parturiente qui, à 40 ans, accouche de son sixième enfant et maudit son mari qui ne sait pas y faire (mais, à sa sortie de la maternité, au bras de son mari penaud, qui met ça sur le compte du printemps qui revient chaque année elle lance, résignée, qu'on la reverra sans doute l'an prochain) est très réussie, avec une infirmière pincée, la jeune Claude Gensac (la future femme du Gendarme de Saint Tropez).
Les scènes sentimentales sont moins réussies, un peu convenues, bien que Marie-Josée Nat y mette une réserve et une grâce que je ne lui connaissais pas vraiment… Et les aboiements des méchants natalistes, le ton rogue du policier (Daniel Ceccaldi)
qui vient enquêter sur l'avortement de Mariette – alors pénalement un crime – me semblent aussi un peu forcés.
Amusant, en tout cas, de se voir confirmer que Claude Autant-Lara demeurait un sacripant ! La bien-pensance unanime avait brûlé symboliquement Douce,
Le diable au corps,
L'auberge rouge,
Le blé en herbe,
En cas de malheur,
la jument verte,
Les régates de San Francisco
… elle pouvait continuer avec les deux Femme en blanc.
Et puis tout le monde cracha sur Claude Autant-Lara, y compris l'Académie des Beaux-Arts, dont il était membre et qui lui interdit de se rendre désormais sous la Coupole lorsqu'il prit la tête de la liste du Front national aux Européennes de 1989. Rigolo, n'est-ce pas ?
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