Non, The little hut n’est pas un des nombreux « spin-off » promis par les studios Disney autour de l’univers Star Wars et présentant la jeunesse de Jabba the Hut ou d’un de ses congénères ! Il s’agit d’une comédie hollywoodienne de 1957 intitulée en français La petite hutte. Enfin, hollywoodienne pour ce qui est du financement, parce que le film fut tourné sur un plateau de Cinecitta.

L’histoire, tirée d’une pièce à succès d’un dénommé André Roussin, repose sur le thème du ménage à trois. Une jolie fille mariée à un séduisant gentleman lui reproche son manque de disponibilité et d’attention et profite d’un séjour forcé sur une île déserte (après que leur navire a fait naufrage lors d’une tempête : image étonnante d’une maquette de bateau tournoyant eu dessus d’une vague) pour le rendre jaloux en flirtant avec son meilleur ami. Et puis ? Et bien… c’est à peu près tout. Un peu mince pour occuper une heure et demie de huis-clos en studio. Alors la production a ajouté un prologue ainsi qu’un épilogue à Londres et nous montre comment les personnages, des anglais caricaturaux, installent leur hutte sur leur île déserte et dînent chaque soir en smoking et robe de soirée sous le drapeau britannique avec le flegme et la distance qui conviennent à de si méritants sujets de Sa Majesté.

Ava Gardner est magnifique et s’amuse visiblement beaucoup à tourner cette bluette sans enjeu qui ne lui demande aucun effort, lui permet de séjourner à Rome dans son appartement au-dessus de l’escalier de la Trinité des monts et d’écumer la nuit les bars de la via Venetto en compagnie de son amant du moment (Walter Chiari, qui joue un petit rôle de faux indigène peu vêtu à la fin du film), tous deux poursuivis par les paparazzis et provoquant des scandales dont s’inspirera Fellini pour La dolce vita.

Stewart Granger et David Niven portent très bien le smoking et rayonnent de leur charisme habituel. Heureusement car en l’absence de ces trois stars, le film aurait peu d’intérêt. La faute à la censure, qui fit édulcorer tous les aspects sulfureux de la pièce originale pour en faire un produit insipide relevé uniquement par la présence des acteurs.

Il s’agit de la seule incursion d’Ava Gardner dans le genre de la comédie, sa beauté et son tempérament de femme trop libre la destinant en général aux films mélodramatiques, épiques ou dramatiques. Certains dialogues de Mogambo avaient pourtant permis de se rendre compte que l’humour et l’autodérision pouvaient lui aller comme un gant quand l’occasion s’y prêtait.

Devant ce film fade qui monopolise trois stars pourtant talentueuses au lieu de les utiliser dans des productions plus dignes d’elles, on a tout de même un sentiment de gâchis. Mais on peut aussi se contenter de prendre la chose à la rigolade comme lorsque les acteurs ou chanteurs en vogue se plient le temps d’une émission de variété à une apparition pour rire dans un show télévisé. Après tout, quitte à se vider la tête en sirotant un cocktail, autant regarder cette petite hutte qu’un soap opéra lymphatique ou une téléréalité vulgaire. Au moins ce sont de grands et beaux acteurs, les décors sont réalisés par l’équipe de Fellini et ça ne dure qu’une heure et demie !