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Une excellente surprise


De verdun, le 23 janvier 2022 à 22:47
Note du film : 5/6

Nora (Jane Fonda) et Kristine (Delphine Seyrig) ont grandi ensemble au village. Nora part à la ville pour épouser un jeune clerc désargenté, Torvald (David Warner); Kristine choisit de rompre avec son ami de toujours, Krogstad (Edward Fox), et fait un mariage d'argent, pour subvenir aux besoins des siens. Les années passent. Torvald tombe gravement malade et le médecin lui prescrit un séjour en Italie. Nora falsifie un document et obtient ainsi l'argent nécessaire au voyage.

Avant de la visionner, il n'y avait pas forcément grand chose à attendre de cette Maison de poupée, réalisée en 1973 par Joseph Losey. En effet, avec cette adaptation d'une pièce célèbre de Ibsen, on pouvait s'attendre à voir un des ces trop nombreux films se contentant de proposer au spectateur du théâtre platement filmé. Par ailleurs, ce long-métrage était invisible, jusqu'à la parution d'un DVD en 2015, ce qui pouvait penser qu'il s'agissait d'une oeuvrette négligeable dans les carrières respectives de Losey et de Jane Fonda. Enfin, les quelques avis récoltés ici ou là n'étaient pas forcément très favorables.

Et pourtant, La maison de poupée vue par Losey est une jolie réussite. L'ensemble est bien filmé et bien photographié par l'indispensable Gerry Fisher. Les cinq principaux acteurs sont remarquables. Jane Fonda traduit très bien l'évolution de son personnage, Nora, une "poupée" possédée par son mari qui osera se révolter contre ce dernier. David Warner, comédien dont on parle trop peu malgré l'ampleur de son talent et de sa carrière, est remarquable dans le rôle de cet époux austère et bien peu digne d'inspirer l'amour. Delphine Seyrig, incarne parfaitement l'amie fidèle bonne conseillère de Nora. On retrouve également avec plaisir les excellents Trevor Howard, vieux médecin de famille extrêmement touchant, et Edward Fox, inquiétant maître-chanteur.

Chose plus étonnante, Losey et son scénariste David Mercer n'ont pas hésité à s'écarter de la lettre du texte de Ibsen. Un prologue a été ajouté ainsi que quelques scènes. Les lieux ont été diversifiés alors que la pièce se passe uniquement dans la maison de Thorvald et Nora. Le choix d'aérer l'ensemble est des plus judicieux: les extérieurs de la ville norvégienne de Røros, dans laquelle a eu lieu le tournage, sont très bien mis en valeur par Gerry Fisher et donnent une crédibilité inattendue au résultat final. Certes l'origine théâtrale n'est pas gommée tant les scènes d'intérieur prédominent. Certes on peut déplorer quelques scènes longues et bavardes mais c'est un défaut que l'on retrouve aussi dans des films de Losey plus réputés que celui-ci. Notons aussi une musique de Michel Legrand inhabituellement discrète.

En somme, La maison de poupée est un bon voire très bon film qui mérite d'être rangé, à l'instar de M et Deux hommes en fuite, parmi les grandes réussites méconnues car trop longtemps invisibles du grand Losey.


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