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Beati pauperes spiritu !


De vincentp, le 27 janvier 2020 à 22:28
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Revu sur grand écran, et la confirmation d'un classique de poids, peut-être le meilleur film réalisé par Mario Monicelli au cours de sa longue carrière. La première impression est celle d'une beauté visuelle de tous les instants, produite par la qualité de la photographie de Gianni di Venanzo : gestion des lumières, contraste du noir et du blanc, perceptible par exemple en intérieurs, lors de la séquence située dans le cinéma. L'affiche qui représente Vittorio Gassman en Kean (1956) produit une mise en abyme, sans tomber dans l'emphase ou la caricature forcée. Il y a aussi ces immeubles populaires en arrière-plan filmés sur le toit de l'immeuble, conférant à ce récit une dimension sociale. Des dialogues existentiels que l'on peut attribuer à Suso Cecchi d'Amiccho croisent les répliques de comédie du duo Age et Scarpelli, par exemple lors de la séquence dansée. Le pigeon déroule des péripéties et des situations très finement positionnées en décalage des stéréotypes.

Une autre impression favorable est produite par le croisement d'aspects comiques et sociaux, géré par une représentation élaborée des déplacements physiques de personnages au sein de leur environnement. Les compères en lente progression sur la verrière sont rattrapés par la réalité du couple en dispute, situé sous leurs pieds. Monicelli alterne plongées et contre-plongées pour représenter le côté à la fois comique et dramatique de la situation. L'évolution psychologique, les émotions très diverses, sont portées impeccablement par les locomotives comme Vittorio Gassman ou par des figurants pittoresques. Les aspects sonores, le montage, le choix des décors (faubourgs populaires) complètent le tableau d'ensemble. On a le sentiment final d'avoir affaire à un divertissement et à un cinéma d'auteur qui pousse à réfléchir sur les rapports humains et sociaux, ceci sans une fausse note, sans une exagération malvenue, sans un temps mort.


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De Arca1943, le 14 décembre 2010 à 19:56
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Tiré de Fruttero et Lucentini, « Années de plomb et années de plume » (sur le Pigeon et la comédie à l'italienne), in La Prédominance du crétin (Livre de poche) :

« Dans cette ambiance, à la fois jungle et vivier, dans le désordre, dans le tintamarre, dans l'improvisation, dans un creuset d'effronterie et d'irrévérence, dans la spontanéité et le hasard les plus grands, naquit le cinéma comique italien, le plus vaste phénomène de créativité et de génie collectif que notre culture ait produit depuis la commedia dell'arte et l'opéra bouffe.

Personne ne s'en rendit compte, évidemment. Les intellectuels de l'époque, le sourcil froncé, déjà, par l'engagement et le 2 novembre, cherchaient plutôt la truffe «national-populaire» du côté, par exemple, de Luchino Visconti, duc exquis et engagé. Personne ne comprit rien, comme d'habitude. »

« Nous-mêmes, raconte Scarpelli, nous nous sentions à une distance astronomique du «vrai» cinéma. Des fourmis sur la marche la plus basse de l'escalier de marbre. Nous cuisinions nos farces, nos bouffonneries, nous construisions nos personnages déments, nos folles extrapolations, en pêchant cependant toujours dans ce que nous voyions autour de nous, inconscients, inspirés. Nous riions, nous nous amusions, que pouvait-on demander de plus? C'étaient des années de plumes. Il nous semblait normal que les critiques, les intellectuels, les hérauts des chefs-d'oeuvre nous regardent de haut en bas, ignorent notre travail. »


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