Ajoutons aussi que, parmi les James Bond girls, aussi nombreuses que décoratives et spectaculaires, celle de l'instant, qui s'appelle Barbara Bach (et qui n'est pas autrement connue que d'avoir été la femme de Ringo Starr, le batteur des Beatles) est sans doute parmi les plus craquantes qui se puissent ; en tout cas et au contraire de beaucoup d'autres, elle ne manque pas d'un certain talent d'interprétation qui rendrait presque crédible son rôle de major de l'Armée soviétique. Et puis la musique (le thème musical, principalement) de Marvin Marvin Hamlisch est très percutante.
Mais aussi et peut-être surtout le plaisir amer de constater, s'il en était besoin, qu'il y a cinquante ans (le film date de 1977), les cinéastes n'étaient pas simplement des compilateurs d'effets spéciaux et des hystériques du montage frénétique mais savaient composer une scène d'action sans vouloir rendre les spectateurs fous furieux. La poursuite de la Lotus Esprit sur les routes de Sardaigne par une kyrielle d'ennemis de la motocyclette à side-car explosif, à la voiture classique puis à l’hélicoptère mené avec habileté par la perverse et séduisante Naomi (Caroline Munro) est un modèle du genre : à aucun moment on ne perd le fil et on ne se fait éblouir (au pire sens du terme) par des explosions exaspérantes qui ne sont à que pour sidérer le spectateur, non pour le faire participer à l'action. Il est amusant de citer les clins d'œil parsemés ici et là par Lewis Gilbert ; bien sûr la bizarre demeure submersible du monstrueux Stromberg/Jürgens évoque évidemment le Nautilus du Capitaine Nemo dans 20000 lieues sous les mers de Richard Fleischer et les terreurs des Dents de la mer de Steven Spielberg sont narquoisemement moquées lorsque Bond et sa belle amie surgissent sur la plage sarde au grand effroi des baigneurs. De même, au début, lorsque sur la mélodie de Maurice Jarre dans Lawrence d'Arabie, Bond chevauche dans le désert. Et même si on ne craignait l'anachronisme, on rappellerait volontiers que la main de Jaws qui soulève un soupirail a dû inspirer Sam Raimi qui s'en est servi dans Evil dead…Pensons en tout cas que l'époque – 40 ans déjà et davantage – était bien plus libre que ne l'est notre triste aujourd'hui. Bond se voit offrir par son ancien camarade de Cambridge, le cheik Hossein (Edward De Souza), sous une tente fastueuse, un festival d'almées – dont je remarque avec plaisir qu'aucune n'est voilée – ; notre vertueux siècle n'aurait pas toléré cela ! Ce qui me fait songer avec nostalgie au délicieux aphorisme délivré par James de Coquet, homme de goût et jadis chroniqueur du Figaro : La fraise est un porte-graines, comme la femme, ce qui ne l’empêche pas de constituer, elle aussi, un dessert délicieux et rafraîchissant. Qui oserait écrire ça aujourd'hui ?
Tout cela est fort vrai. Surtout pour les roploplos. Ne manquait que Sean Connery….
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