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Bijou du cinéma français des années 70 enfin retrouvé


De Viator, le 27 mai 2020 à 18:33
Note du film : 5/6

Film en effet très intéressant.

Quelques lignes au sujet du film lisibles ici :
http://www.kinoscript.com/la-coupe-a-10-francs-philippe-condroyer-12/
http://www.kinoscript.com/la-coupe-a-10-francs-revue-de-presse-1975-22/

A la même époque mais peut-être encore moins connu, on peut citer, sur cette thématique de la jeunesse, le moyen-métrage "Une histoire sans importance" de Jacques Duron (1980)


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De verdun, le 26 mai 2020 à 23:23
Note du film : 5/6

Présenté à "la quinzaine des réalisateurs" du festival de Cannes 1974 avec un certain succès, La coupe a 10 francs fit l'objet d'une sortie très discrète dans les salles parisiennes en 1975. Le film a ensuite disparu de la circulation pendant près de quarante ans. Fort heureusement, son réalisateur, Philippe Condroyer a pu, peu de temps avant sa disparition en 2017, racheter le négatif, le faire restaurer, et faire ressortir son oeuvre maudite en salles et DVD fin 2015.

Inspiré d'un fait divers, La coupe a 10 francs retrace l'histoire de la révolte d'un jeune ébéniste, André Lalande (Didier Sauvegrain) et des ses amis contre leur patron, lequel a une idée fixe: obliger ses jeunes employés à couper leurs cheveux longs…

Il s'agit d'une part d'une excellente chronique sociale sur la jeunesse post-soixante-huitarde de la France rurale et ouvrière, la future France des "gilets jaunes", serais-je tenté d'écrire.

D'autre part, c'est une dénonciation du pouvoir arbitraire dans le monde du travail, d'un certain type de "management" qui brise les individus, mais aussi d'un certain immobilisme de la société qui n'arrive pas à écouter et donc à comprendre sa jeunesse. C'est un film d'une époque en apparence (coiffure, vêtements, technologie) bien différente de la nôtre, mais dont le propos est toujours aussi pertinent plus de quarante ans après sa -trop discrète- sortie en salles.

Peut-être peut on reprocher un manque de nuances dans la manière de représenter les puissants, surtout le patron de la fabrique, mais ce genre de personnage tyrannique et inhumain existe réellement dans la vie de tous les jours. Hélas.

Le film a été tourné en 16 mm en peu de temps, avec un tout petit budget et des acteurs inconnus, ce qui lui donne un aspect très brut, âpre, presque documentaire.

L'interprétation est impeccable, surtout celle de Didier Sauvegrain, sorte de chaînon manquant entre Klaus Kinski et Guillaume Depardieu, qui trouve ici le rôle de sa vie. On le reverra par la suite dans quelques prestations secondaires, notamment dans I comme Icare, mais jamais -sauf erreur de ma part- en tête d'affiche. Parmi les seconds rôles, on retiendra la présence du toujours truculent Michel Fortin et de la jeune Dominique Lavanant.

Signalons enfin la qualité de la bande originale, composée par Antoine Duhamel et interprétée par le saxophoniste de free-jazz Anthony Braxton.

C'est le même Philippe Condroyer qui avait réalisé quelques années auparavant le consternant Tintin et les oranges bleues. Une preuve de plus de la mal-fondé de la politique des auteurs.

Quoiqu'il en soit, Condroyer mérite de rester dans les mémoires pour cette coupe a 10 francs, un grand film français audacieux des années 1970 qui a pu sortir de l'oubli, mais qui mérite un public encore plus grand tant il peut nous aider à comprendre certains maux de la France "périphérique" d'aujourd'hui.


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