Au fait, le titre du film ne doit dire grand-chose à ceux qui aujourd'hui ont moins de quarante ans : ces bateleurs gueulards, talentueux, sympathiques ne se rencontrent plus – et encore ! – qu'à la Foire de Paris où grâce à leur brio, leur bagout, leur talent d'improvisation, ils parviennent à retenir l'attention des badauds en leur vantant les effets d'une crème miraculeuse, d'engins stupéfiants qui permettront de nettoyer parquets et vitrages sans effort, d'ustensiles de cuisine sensationnellement voués à réaliser des repas de rois et bien d'autres choses permettant de réaliser des économies magnifiques.
Il y a encore quelques années on pouvait voir, sur les marché de province et sur le trottoir des grands magasins parisiens ces bonimenteurs qui émerveillaient les ménagères et les enfants qui les accompagnaient, en leur promettant de leur faire découvrir des plaisirs sublimes ; c'était assez rigolo, parce que les types avaient du talent, une façon de captiver leur auditoire, de la fasciner à un tel point que, même sans en être absolument dupe, on achetait pour trois francs, six sous un machin dont on n'avait aucun besoin et qui demeurerait bien rangé au fond d'un placard ; mais enfin, on s'était donné une certaine forme de plaisir. Une sociabilité sans agressivité : des Français qui parlaient aux Français, même de façon goguenarde, et n’étaient pas agressés par des gens venus de n’importe où qui ne comprennent pas notre esprit gallo-romain. Le jeune Robert (Lamoureux, évidemment), qui a perdu ses parents pendant la guerre et n'a pas pu poursuivre les études de Droit qu'il ait engagées, survit d'à peu près n'importe quoi : tour à tour homme-sandwich, distributeur de tracts publicitaires aux côtés de son pote de parcimonie La globule (Jean Carmet); il erre des Grands Boulevards à Belleville sans savoir où dormir ou dîner ; il est tenté de piquer un portefeuille qui s'offre à lui, dans une groupe happé par la faconde du camelot Raymond (Yves Deniaud), vieux roublard et brave homme qui lui sauve la mise et, touché de sympathie, lui donne vivre et couvert et surtout entreprend de lui confier les meilleurs trucs qui lui permettront de gagner honnêtement sa vie en vendant en plein air tout et n'importe quoi. On devine bien vite que le jeune blanc-bec se révèlera le plus doué des élèves de son mentor et qu'il engagera une grande carrière qui le conduira jusqu'à une situation très confortable au service d'un Consortium industriel ravi de voir ses produits écoulés à grande allure dans les rues de Paris.Se mêleront à ça les inévitables aventures sentimentales avec la prétentieuse Yvette (Lysiane Rey) ou la charmante Françoise (Colette Ripert) et l'intervention d'un salopard Léo (Robert Berri) demi-sel jaloux et fainéant qui voudra faire capoter cette belle ascension sociale. Il est inutile que je raconte dans le détail un film qui n'existe et séduit que par cette prise de vue de notre France parisienne de 1951, avec ses bonnes bouilles d'enfants espiègles, ses bistrots chaleureux, ses policiers compréhensifs et tant et tant d'autres choses qui n'avaient pas encore été remplacées.
…..Il apparaît dans Cécile est morte de Maurice Tourneur, et je suis sur qu'il aurait fait un très persuasif Maigret…
Si ma mémoire ne me trahit pas, c'est lui qui "ouvre le bal" dans les toutes premières images de l'épopée Versaillaise du Maître : Si il croit que je ne l'ai pas reconnu, lui, avec sa poule au pot….-pense-t-il, goguenard, après avoir indiqué sa route à Henri IV.
Il n'y a guère (peut-être, car sa filmographie est pharaonique!) que cette Rose rouge voyageuse qu'il n'arrive pas à sauver…
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