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Un Bolognini fort intéressant !


De vincentp, le 17 novembre 2019 à 11:00
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Revu en dvd pour un avis en forte hausse. Le bel Antonio (1960) croise drame intimiste et chronique sociale, dans un contexte de société sicilienne urbaine contemporaine, placée sous la coupe de notables affairistes et machistes. A la même époque, Francesco Rosi dresse un portrait assez similaire de la société sicilienne de la campagne dominée par la mafia (Salvatore Giuliano (1962), Pietro Germi s'intéresse aux transgressions imposées par les normes siciliennes archaïques (Divorce à l'italienne (1961). Des tableaux urbains extérieurs et intérieurs en noir et blanc intègrent la population et les décors, rythment la progression du récit de Bolognini, emploient des tonalités sombres pour représenter les éléments les plus dramatiques. Pierre Brasseur endosse le costume du bouffon, exprime des réactions humaines spontanées et authentiques, contient la part dramatique. Un fond sonore discret, élaboré, pianoté, module le drame sous une forme acceptable.

Ce récit est l'histoire d'Antonio, naviguant entre ombres et lumières, écartelé entre son psychisme fragile et son affichage social de mâle dominant. Dixième minute : Antonio adresse quelques mots à Nantunza, employée introvertie de la famille, se replie dans sa chambre plongée dans l'obscurité, coupée de la luminosité extrême par un rideau ondulant. Il exprime à voix haute quelques pensées sur le vide de son existence. En quelques plans, sans emphase, avec une finesse exceptionnelle, Bolognini, présente à la fois les tenants et aboutissants de son récit, qui feront sens dans l'esprit du spectateur quatre-vingt minutes plus tard. Vacillante, mise à mal par la quête du pouvoir et de l'argent, l'humanité est portée par le cousin, Edoardo (Tomas Milian), mature, fin analyste, et de très bon conseil pour Antonio. La reconnaissance sociale est aujourd'hui celle de Bolognini, de ses acteurs et collaborateurs (Pasolini, Nannuzzi, Piccioni,…), qui inscrivent cette oeuvre artistique sur la durée.


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De verdun, le 29 avril 2013 à 00:33
Note du film : 6/6

Un très grand film.

Mastroianni, beau comme un dieu, joue merveilleusement ce séducteur dont l'impuissance va provoquer le scandale…

Les images, comme souvent chez Bolognini sont formidables: on n'oubliera pas de sitôt la confession de Antonio à son ami sur les raisons du "mal" dont il est atteint et surtout le terrible final, où transparaît le malaise du personnage principal face à la réaction opposée de son entourage.

L'un des thèmes préférés du cinéaste s'exprime ici avec force: l'impossibilité de nouer une histoire d'amour normale, souvent à cause des barrières sociales ou des mesquineries individuelles des protagonistes.

Le personnage principal aime follement sa femme (superbe Claudia Cardinale, dont la voix est ici doublée) mais ne pourra pas l'honorer et celle-ci ira très vite voir ailleurs sans tergiverser.

On retrouve avec plaisir Thomas Milian et surtout Pierre Brasseur en père pittoresque toujours enclin à élever la virilité en valeur suprême.

Un long-métrage dont l'audace et la franchise n'ont guère pris de ride: les films sur l'impuissance ne courent pas plus les rues en 2013 qu'en 1960 ! C'est-dire si Le bel Antonio était avance sur son temps.

Plutôt que revoir La debandade, ruez-vous sur cette oeuvre où Bolognini prouve une fois de plus, aidé par le script de Pasolini et la puissance de Mastroianni, qu'il n'est pas le sous-Visconti que l'on a parfois raillé.


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