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La voie des masques


De Impétueux, le 3 avril 2020 à 19:31
Note du film : 2/6

Le cinéma a fait une riche moisson dans les histoires d'amants criminels qui, constatant que leurs époux et épouse respectifs constituent une grave gêne pour leurs voluptueux radadas se résolvent, sans y voir malice, à envoyer ad patres ces obstacles exaspérants. J'ai l'assez médiocre film de Claude Chabrol Les noces rouges en tête, comme ça, sur le moment mais on devrait pouvoir en dresser une liste considérable. Une liste qui emprunterait à tous les pays et à toutes les époques. Après tout, la situation est d'une telle banalité et les velléités fantasmatiques si vraisemblables (on n'ose pas dire si compréhensibles) qu'on n'est pas mécontent de trouver représentée au cinéma une folie si commune.

Et depuis toujours si commune. Moins fréquente, sans doute que l'assassinat du mari (ou de la femme) gênant (Hauteclaire ou Thérèse Raquin) mais bien pratiquée. Ou en tout cas bien pratique. Mais aussi tout à fait catastrophique. Ce qui est bien le cas dans La chambre bleue adaptée d'un roman de Georges Simenon qui porte le même titre ; adaptation assez libre, qui respecte stricto sensu la trame du récit mais vagabonde tout de même un peu dans la structure jusqu'à en bousculer l'équilibre.

Il y a une histoire charnelle très forte, très prenante, très envahissante même, entre Julien Gahyde (Mathieu Amalric) et Esther Despierre (Stéphanie Cléau), lui marié à Delphine (Léa Drucker), elle à Nicolas (Olivier Mauvezin). Elle, belle fille riche guette depuis des années, depuis le lycée ce garçon plutôt malingre, d'un milieu modeste, mais qui a fait sa pelote avec une entreprise de machines agricoles et paraît à l'aise entre sa femme Delphine et sa fille. Et il est émerveillé de découvrir une sensualité si intense, si ouverte. Et il est pris, captivé, enfermé dans cette aventure. Un truc qui ne peut, et qui ne va, bien sûr, mener à rien.

Chez Simenon, plus parcimonieux, plus maigre, les choses sont à la fois plus biaisées et plus convaincantes ; Julien (Antoine dans le roman) est un de ces coqs de village qui ravagent les poulettes du voisinage. Esther (Andrée dans le roman) est la femme de l'épicier du bourg, une sorte de glaçon qui se révèle braise. C'est naturellement plus intelligent et plus complexe que ce que présente Amalric qui nous introduit un peu de lutte de classes là où elle n'a vraiment rien à faire. C'est bien la différence entre jadis et aujourd'hui : la volonté de mettre de façon arrogante un propos sottement politique là où il y a de l'éternité et de l'évidence. Et rien de plus.

L'exaspérant Mathieu Amalric filme et interprète tout à la fois un film assez mal composé où l'on navigue sans cesse entre présent et passé, entre l'histoire sulfureuse survenue entre les deux amants et les interrogatoires puis les audiences subséquentes. Le montage est plutôt sautillant, passant trop rapidement d'un moment à un autre, de façon un peu fatigante et ennuyeuse. Ce genre de film, trop convenu, n'est pas fait pour demeurer dans les mémoires.


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