Au fait, tous les mâles de quelque importance qui apparaissent dans le film sont minables ou désagréables ou dangereux, à part quelques utilités qui occupent une place mineure.
Un film de femmes, non ?
Evelyn Couch Boulotte naïve soumise à la bouffe cholesterolée fait la connaissance lors d'une visite à l'hôpital de Ninny Threadgoode.
Celle-ci lui raconte par intermittence le merveilleux parcours en commun de Idgie Threadgoode et de Ruth Jameson la saga prenant un départ dans une Amérique des années trente ventripotente et raciste jusqu'au bout des ongles.
Ces deux jeunes filles témoins d'un accident tragique vont se rapprocher, apprendre à se connaître se construire dans l'apparence d'une fausse différence.
Idgie sauvageonne enfant des arbres se laisse approcher par la sensibilité de Ruth, une amitié éternelle va unir ces deux jolies jeunes filles qui séparées le temps d'un mariage ratée vont se retrouver pour ne plus se quitter.
Evelyn captivée par les récits épisodiques de Niny se sent imprégnée par la robuste constitution psychologique de Idgie et de Ruth, sa vie va se transformer, prenant conscience de sa position dégradée au contact de ses contemporains elle va se bâtir à leurs images et s'imposer comme une personne responsable se devant d'être respectée dans la société en temps que tel.
« Beignets de tomates vertes » est un film magnifique, un chef-d'œuvre de sensibilité ou une femme raconte l'histoire de deux femmes influant à distance le destin d'une troisième.
Ninny à l'automne de sa vie est une admirable conteuse, ses mots se marient merveilleusement avec l'image du cheminement parfois tortueux mais indestructible de Idgie et de Ruth, elle fait du courage de certains personnages de véritables icônes.
Tout est sensible, prenant, trois femmes refusent de se noyer dans la dépendance violente, raciste et indifférente masculine de leurs temps respectifs et se révoltent à leur manière en s'aspergeant pour deux d'entre-elles d'eau et de farine sous le regard impuissant du maître des lieux dépassé par cette dérive soudaine. C'est le déclic du changement, l'aube de la liberté des comportements spontanés.
Tout ceci est l'amorce d'un nouveau temps, la femme devient déterminante dans un relationnel enfin positionné à un niveau équivalent avec l'autre sexe.
Les larmes versées n'ont qu'une seule couleur celle de l'amour éternel offert à certains élus.
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