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Une silhouette forte et menue


De Impétueux, le 31 mars 2020 à 15:43
Note du film : 4/6

Repassait hier soir à la télévision ce film un peu maladroit, un peu guindé, et en même temps un peu trop spectaculaire (c'est-à-dire sachant bien là où il faut appuyer pour émouvoir) mais qui, en même temps, met en scène un si grand personnage qu'on n'a pas le cœur de lui reprocher quelques défauts de construction et de mise en scène. Au fait, il y a tout de même quelque chose d'un peu désespérant dans ce retour au passé et nos yeux grands fermés. Le film de Denis Amar, intitulé donc Hiver 54, l'abbé Pierre date de 1989. Trente ans auparavant, en 1957 et avec les concours du véritable prêtre, Robert Darène réalisait un bien chaleureux film, Les chiffonniers d'Emmaüs. Qu'est-ce qui a changé et qu'est-ce qui ne change pas dans notre monde, où, à part de rares courtes périodes, les tentes de survie et les bidonvilles ne disparaissent jamais de l'espace public ?

Le film de Robert Darène tournait naturellement autour de la figure centrale, le fondateur des Chiffonniers d'Emmaüs mais mettait aussi en scène des anecdotes, des situations, des drames, des douleurs, des violences qui, d'une certaine façon expliquaient la situation. Celui de Denis Amar s'attache davantage au récit de qui amené à la création officielle de l'Association en mars 1954. Sans doute alors commence-t-on à sortir des restrictions de l'après-guerre, de mieux en mieux et de plus en plus rapidement, certes, mais il y a tant et tant à faire ! Et notamment la reconstruction d'un paquet d'infrastructures, routes, ponts, lignes de chemin de fer, ports, entrepôts, usines… et logements bien sûr. Et il faut arbitrer en permanence entre des demandes toutes aussi légitimes les une que les autres mais qu'on ne peut pas toutes satisfaire au même moment. On voit bien le casse-tête. Une des plus grandes difficultés du Pouvoir est précisément de devoir choisir entre ce qu'il faut faire… mais aussi entre ce qu'il faut faire ici et maintenant. (D'une certaine façon l'épidémie de coronavirus de notre printemps 2020 nous met ça dans le nez : on ne peut plus trop se préoccuper d'équilibre budgétaire lorsque la mort rôde).

Donc Henri Grouès dit L'abbé Pierre ne veut voir rien d'autre que ces centaines de sans-abri, ces hommes, ces femmes, ces enfants qui sont obligés de vivre – de survivre ! – dans des conditions affreuses. Une température glaciale s'est abattue sur toute la région parisienne en ce plein hiver 1954 et – on ne pourra plus le faire ensuite – des familles sont expulsées de leur logement et obligées de vivre dans la rue. Ancien député (battu en 1951), l'Abbé a noué de fortes amitiés avec des parlementaires (Robert Buron/Maxime Leroux) et des journalistes (Pierre Brisson du Figaro/Laurent Terzieff) ; et, en plus d'une incroyable énergie, peu concevable chez un poitrinaire, il a le sens parfait de ce qu'il faut faire, c'est-à-dire des relations publiques.

D'où le bref appel bouleversant passé sur les ondes des radios le 1er février 1954, Mes amis, au secours… Chaque nuit, ils sont plus de 2 000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu et le miraculeux succès qui a vu affluer pendant plusieurs jours à l'hôtel Rochester et dans toute la France des milliers de dons et de chèques et qui poussa le Parlement à des efforts financiers et législatifs considérables. C'était le début de l'Insurrection de la Charité.

Hiver 54, l'abbé Pierre filme avec une grande honnêteté ces moments d'exaltation généreuse ; réticences et même crapuleries des uns, embarras gênés des autres, mais tout cela est finalement emporté par le miracle. Lambert Wilson est particulièrement à l'aise dans le rôle titre (comme il était d'ailleurs, dans celui du P. Christian de Chergé, supérieur des moines cisterciens de Thibhirine dans Des hommes et des dieux). Comme je ne suis pas parvenu à trouver une photographie d'Hélène Larmier, qui ouvrit à l'œuvre son bel hôtel Rochester, qui est toujours une très belle maison, rue La Boëtie, j'ignore si elle avait le charme et la beauté de Claudia Cardinale, qui en interprète le rôle. Tous les autres acteurs sont à leur place, touchés sans doute par l'importance du sujet.

Un grand film, assurément non. Mais un film nécessaire, cent fois Oui !


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De frontine, le 24 janvier 2008 à 14:09
Note du film : 6/6

Je souhaite me joindre au nombreux desiderata qui demandent une édition DVD consacrée au Grand Homme qui vient de nous quitter.


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