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Quand la fiction devance la réalité


De vincentp, le 17 décembre 2005 à 23:18
Note du film : 5/6

Les trois mousquetaires de la Cinémathèque (plus Nabe d'Artagnan) qui ont durement ferraillé à propos de Douglas Sirk pendant deux heures, aujourd'hui (sans se faire trop de mal, disons le tout de suite pour rassurer leurs épouses), l'ont présenté (notamment) comme un metteur en scène baroque, porté sur le rachat ou la rédemption.

On en a surtout appris un peu plus sur le parcours personnel de Sirk, mélodrame authentique. Si l'on en croit l'un des mousquetaires, Sirk fut privé du contact de son fils suite à un divorce. Son ex-femme et ce fils ayant rejoint la propagande nazie, Sirk voyait l'évolution de ce fils en regardant ces films nazis.

Ainsi donc, et c'est mon commentaire personnel, Sirk, avec hitler's madman était dans le camp d'en face. Tourné en 1943, ce film de propagande américain montrait un couple allemand a qui l'on apprend le décès de ses deux fils sur le front russe. En 1947, Sirk rentra en Allemagne pour rechercher son fils, dont il était sans nouvelles. Il apprit que celui-ci était vraisemblablement mort sur le front russe. La fiction avait devancé la réalité.


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Le nazisme, présenté par Sirk comme le mal absolu

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De vincentp, le 11 décembre 2005 à 11:15
Note du film : 5/6

Premier film américain de Douglas Sirk, né Detlef Sierck, en Allemagne en 1900, et qui a fuit le nazisme pour rejoindre Hollywood.

Comme son compatriote Fritz Lang (les bourreaux meurent aussi, d'un style différent mais néanmoins pas si éloigné), Sirk réalise en 1943 un film particulièrement engagé concernant un épisode tragique de la deuxième guerre mondiale : les exactions nazies commises à Prague en 1942, sous la responsabilité du responsable nazi local, Heydrich, puis celles qui ont suivi son assassinat par les résistants tchèques.

Archétype du cinéma de propagande américain (Sirk n'y va pas avec le dos de la cuillère), ce film est centré autour du personnage de Heydrich, « Hitler's madman », (remarquable John Carradine), psychopathe terrifiant, par les propos, les actes, le regard, et les déplacements, qui sème la terreur partout où il se trouve. Il est l'incarnation même du nazisme, présenté comme un mal absolu, émanation terrifiante d'une société criminelle organisée, qui s'attaque aux fondements de la civilisation humaine.

Face à ce mal, il n'y a pas lieu de tergiverser, explique Sirk : il faut prendre les armes ! Ce film de Sirk est donc autrement plus virulent que celui de Fritz Lang, qui se limite à jeter en pâture aux nazis un individu détestable.

Un film de propagande certes, avec le manque de nuances que cela peut impliquer, mais aussi un film d'auteur, admirable à tout point de vue :

• sur un plan artistique ; avec peu de moyens, Sirk réussit un excellent film, percutant, visuellement fort, jouant en particulier sur les oppositions noirs (des uniformes SS)/ blancs (des décors de la ville), sur les oppositions mouvements (des nazis) / immobilité (des étudiants),

• sur un plan historique, en tant que témoignage immédiat d'événements historiques tragiques,

• comme acte d'engagement intemporel et universel en faveur de valeurs humanistes (même si les modes d'engagement préconisés par Sirk peuvent être discutés).


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