Frissons concentre, en une parfaite unité de lieu (une résidence assez chic de la banlieue de Montréal) une histoire glaçante et pertinente. Un de ces médecins fous qui sont une des gloires des fictions romanesques, le docteur Emil Hobbes (Fred Doederlein) a conçu, avec son collègue le docteur Rollo Linsky (Joe Silver ) une sorte de procédé intelligent, concurrent au business des greffes d'organes. Il s'agit d'introduire à l'intérieur des corps humains un parasite susceptible de remplacer le fonctionnement défectueux d'un organe, en se nourrissant pauvrement de quelques éléments vitaux.
Sur le papier, ça marche du tonnerre. Mais le docteur Hobbes, animé par une sorte d'idéologie primitive, juge que l'Humanité civilisée a perdu toute flamme, en oubliant au passage de porter au plus haut la pulsion sexuelle. De ce fait, le parasite ingéré aura pour objectif de détruire toutes les limites et les restrictions et de lancer l'Humanité dans la voie d'une sorte d'orgasme perpétuel, débarrassé des contraintes de toute nature. Comme de juste, l'expérience échoue. À vrai dire on ne comprend pas vraiment pourquoi le docteur Hobbes décide de sacrifier son premier cobaye, la jeune Annabelle (Cathy Graham) puis de se suicider sur son corps dénudé. Sans doute aurait-il pu avertir ses contemporains des conséquences de ses rêveries prométhéennes. Car à partir de ce moment, le Mal court. Tout l'immeuble, conçu comme une sorte de thébaïde bien élevée, va peu à peu être contaminé par l'invasion des parasites. Parasites qui revêtent l'apparence absolument répugnante de grosses sangsues sanguinolentes qui s'insinuent absolument partout, contaminent peu à peu les habitants de la résidence et finissent par l'emporter. Le docteur Saint Luc (Paul Hampton), dernier à lutter contre l'emprise des zombies érotomanes sera le dernier à succomber, mais il y passera lui aussi. Et les dernières images, après une sorte d'orgie débridée, seront celles des habitants de la résidence, (la Starliner tower) partir, gais et contents pour diffuser, d'abord à Montréal et sans doute ensuite dans le monde entier, la bonne parole de totale liberté sexuelle. Du point de vue de Cronenberg, alors très imprégné de la contre-culture californienne, le film s'achève donc sur un déconcertant happy end. Bien que le filmage soit encore assez artisanal, ça marche assez bien. Sans doute comme dans tout ce qui est filmé dans un espace restreint, revient-on, repasse-t-on continuellement dans les mêmes lieux et avec les mêmes physionomies. Sans doute pressent-on bien à l'avance toutes les péripéties morbides, glaçantes, effrayantes de la contamination : on sait bien que, comme dans Zombie, la masse des malades va parvenir à traquer, à emprisonner le dernier résistant : ce sont là des exercices presque obligés du genre. N'empêche que c'est déjà très bien fait, en tout cas nullement négligeable.Page générée en 0.0025 s. - 6 requêtes effectuées
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