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Un charme fou


De verdun, le 14 avril 2020 à 13:00
Note du film : 4/6

Adaptation d'un roman de H.G. Wells, Les premiers hommes dans la lune réunit à nouveau, en 1964, le producteur Charles H. Schneer et le spécialiste des effets spéciaux Ray Harryhausen. Cette association gagnante a donné lieu à des films comme A Des millions de kilomètres de la Terre, Le Septième voyage de Sinbad, les voyages de Gulliver, L'Île mystérieuse et Jason et les argonautes, sans doute leur chef-d'oeuvre, sorti l'année précédente.

Sans être aussi réussi que Sinbad ou Jason, Les premiers hommes dans la lune est une série B extrêmement sympathique voire réjouissante. Voici le genre de films que j'aimais découvrir dans l'émission de Jean Pierre Dionnet, "cinéma de quartier" jadis sur Canal +.

Le film commence dans les années 60 où une expédition mélangeant Américains, Russes et Anglais pose pour la première fois les pieds sur la lune… jusqu'à ce qu'un vieil "Union jack" soit découvert par un des astronautes et démontre qu'une précédente expédition lunaire a eu lieu au début du XXe siècle ! Les journalistes réussissent à retrouver Bedford (Edward Judd), le seul survivant de l'expédition aujourd'hui nonagénaire. Il raconte son histoire et commence alors le flash-back qui constitue la majeure partie du film et l'adaptation (fidèle) du roman de Wells.

Dans une première partie un peu languissante, nous assistons aux préparatifs de l'expédition. Cette partie est traitée sur le ton de la comédie puisqu'elle se focalise sur la personnalité excentrique du professeur Cavor (Lionel Jeffries), inventeur de la cavorite, une substance qui permet aux objets de s'envoler et va donc favoriser l'envoi d'un objet volant vers la lune. De nombreux gags mettent en scène des objets ou personnes qui volent jusqu'à défoncer les toitures… Saluons une belle recréation (minutie des décors et des costumes) de l'époque victorienne.

La deuxième partie, le voyage dans la lune, est beaucoup plus prenante. Les voyageurs de l'espace découvrent les habitants de la lune, les sélénites et leur civilisation. Alors qu'on s'attendait à voir à l'oeuvre les effets spéciaux de Ray Harryhausen, on remarque surtout de magnifiques décors extravagants et colorés. Seul un ver de terre géant porte la marque de Harryhausen. Les sélénités sont des figurants en costumes de caoutchouc.

Par ailleurs, cette seconde moitié se révèle en fin de compte étonnamment sombre et désenchantée: Bedford se révèle n'être qu'une brute, un colonisateur stupide qui n'hésite pas à tirer sans sommation sur Sélénites qui lui apparaissent inférieurs. Et le professeur Cavor, émerveillé par la découverte d'une nouvelle civilisation, va jusqu'à perdre la raison et tout sens des réalités. La fiancée de Bedford, passagère clandestine du voyage dans la lune , se contente de jouer les utilités. Martha Hyer qui avait marqué les esprits pour sa prestation dans Comme un torrent est injustement sous-utilisée. Comme souvent dans les films du tandem Schneer-Harryhausen, la réalisation et l'interprétation manquent de caractère même s'ils n'empêchent pas la magie d'opérer.

Les premiers hommes dans la lune n'est pas à conseiller aux fans du réalisme, qui s'irriteront du côté résolument "kitsch" de l'ensemble, de son absence totale de vraisemblance: ainsi les héros n'ont pas besoin de combinaison pour déambuler sur le sol lunaire… Nous sommes beaucoup plus proches de Méliès que de 2001, odyssée de l'espace, ce qui n'est pas illogique puisque Le voyage dans la lune reprenait de nombreux éléments du roman de H.G. Wells.

Or ce sont précisément ce côté désuet et cette "prise de pouvoir de l'imagination" qui font le charme des premiers hommes dans la lune.


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