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"A cette époque la vie humaine n'avait aucune valeur..."


De verdun, le 1er mars 2020 à 11:06
Note du film : 4/6

Puisque nous parlons de Vittorio Cottafavi, penchons-nous sur ce Messaline de 1960, qui est à ce jour le seul peplum italien disponible en blu-ray.

Hélas Messaline n'est pas le meilleur film de ce maître du "film à l'antique".

La faute en incombe à un scénario conventionnel et bavard qui se contente de narrer l'ascension et la chute de cette femme aussi belle que perverse devenue l'épouse de l'empereur Claude. Quelques traits atypiques attirent l'attention: ainsi le centurion Lucius Maximus, héros du film, tombé amoureux de la vestale Valérie la retrouve deux ans plus tard et s'aperçoit qu'elle est devenue Messaline. Mais globalement le récit est linéaire, se contentant de retracer des intrigues de cour et la façon dont Messaline séduit différents hommes de pouvoir pour mieux les éliminer ensuite. La critique de la soif de pouvoir et de la corruption des classes dominantes est moins originale que celle entrevue dans Les légions de Cléopâtre voire Fille d'amour. Les clichés sur la Rome décadente des Cesars sont au rendez-vous mais ce n'était sans doute pas pour déplaire à ce grand républicain qu'était Cottafavi.

Le réalisateur était lui-même conscient de cette faiblesse scénaristique: "pour Messaline, qui était l'histoire la plus faible, je me suis appuyé beaucoup plus sur la construction extérieure. Parce que l'histoire de Messaline était répétitive, comme celle de tous les personnages qui ne sont pas intelligents, qui n'ont qu'une seule idée. Pour Messaline, c'est la conquête et la détention du pouvoir à travers le sexe. J'ai cherché dans ce film à donner une certaine perception de Rome au temps de l'empire." (cf. Entretiens avec Vittorio Cottafavi, "L'avant-scène cinéma 622, avril 2015, page 13).

Mais malgré ce problème de scénario, il serait dommage de faire la fine bouche. En effet, la qualité de la mise en scène éclate à chaque instant: la plupart des plans ressemblent à des tableaux tant le travail sur les cadrages et sur les couleurs, notamment le rouge, est inspiré. Le blu-ray sorti récemment chez ESC permet enfin au cinephile d'apprécier pleinement la beauté de la réalisation de Cottafavi. Messaline n'était jusqu'à présent visible que dans une copie délavée et recadrée en 1:85 alors que c'est un film en scope (technirama).

Le film vaut également pour une bonne direction d'acteurs. Dans le rôle-titre, la vamp britannique Belinda Lee est très convaincante. Les seconds rôles sont bons également même si certaines gueules comme celles de Arturo Dominici, de Giulio Donnini ou du jeune Giuliano Gemma sont plus marquantes que les autres.

Quelques scènes sont franchement mémorables. Le plan introductif sur le cadavre de Caligula: pendant que du sang coule sur un escalier de marbre blanc, un texte nous indique que l'histoire se déroule à une époque où la vie humaine n'a aucune valeur et où la corruption prévaut. Le jeune Marcellus (Giuliano Gemma) est déterminé à tuer Messaline, mais en un regard celle-ci parvient à retourner la situation. Elle offrira la tête tranchée de Marcellus à ses adversaires ébahis par un tel présent ! Dans sa version longue Messaline est un film étonnamment dur pour son époque.

Par conséquent, malgré la faiblesse de ses enjeux, Messaline est susceptible de passionner tous les amateurs de péplums et de cinéma italien. Et c'est le seul Cottafavi à être disponible en Haute Définition. Il ne faut donc pas hésiter à le découvrir.


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