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On n'est pas sorti de l'auberge


De Impétueux, le 7 décembre 2018 à 16:02
Note du film : 3/6

Je craignais que le numéro 4 de la série ne fût l'abomination de la désolation (ce qui est plutôt cohérent, s'agissant d'un film à allusions bibliques – Daniel 11-31), survenant après le numéro 3, (Rec 3 Genesis) qui n'avait à peu près aucun intérêt, mais voilà que ça a redressé un peu la tête. Il était temps néanmoins que ça se termine, toutes les pistes ayant été explorées et chacun ayant eu son content de tripailles déchirées et de hurlements de bêtes fauves. Je note toutefois que les scénaristes ont laissé une fin ouverte à l'aventure ce qui permettra le cas échéant de remettre cent sous dans la machine (ou deux thunes dans le bastringue). Mais c'en est en tout cas bien fini avec ce qui faisait l'intérêt des deux premiers épisodes, le côté reportage de la caméra portée et, si farfelue qu'il était, le parti de relier possession démoniaque et contamination virale.

Rec 4 Apocalipsis tire honnêtement mais sans apporter de surprises majeures les conséquences d'une série de situations et de faits montrés dans les trois épisodes précédents, dont nous sommes donc désormais familiers. Il le fait avec une certaine habileté et quelques bonnes idées, mais c'est désormais le récit banal d'une infection terrifiante dans un univers clos où les protagonistes sont les uns après les autres éliminés par la malfaisance et où celui vers qui allait toute la sympathie du spectateur est en fait, comme de juste, le contaminateur.

Après quelques images de prologue devant l'immeuble de Barcelone que l'Armée va faire sauter après y avoir récupéré la journaliste Angela Duval (Manuela Velasco), on se retrouve à l'intérieur d'un bateau, en pleine mer. Une séquence un peu bizarre, irréelle, où des quidams sans liens entre eux errent en se demandant où ils se trouvent et pourquoi ils sont là. C'est que les autorités ont confiné sur le cargo plusieurs de ceux qui sont soupçonnés d'être infectés par le virus et une importante équipe de recherche dirigée par le docteur Ricarte (Hector Colomé) qui effectue des tests sur des singes à qui le virus a été inoculé. On remarque d'abord qu'il n'y a plus la moindre référence à la religion, tous les scientifiques n'étant, précisément, que des scientifiques. On se demande ensuite pourquoi les décideurs ont choisi, pour leur expérimentation, un bateau de commerce sans aménagement spécial, dont tout l'équipage, du capitaine Ortega (Mariano Venancio) au radio, Nick (Ismael Fritschi) est dans la plus parfaite ignorance de la nature et de l'importance de la mission. Il me semble qu'il aurait été plus plausible qu'un bâtiment militaire fût utilisé, compte tenu du caractère hautement secret et périlleux de la recherche menée.

Évidemment rien ne se passe comme prévu et, encore accentuées par la tempête qui gronde puis se déchaîne, les catastrophes s'enchaînent, comme de juste. Mais elle le font dans un certain fouillis : ça part dans tous les sens, de la même manière qu'on passe à toute allure de la coupée aux entrailles du navire et d'un groupe à l'autre ; c'est quelquefois un peu compliqué pour l'intelligibilité de l'intrigue mais ça permet de mener le film tambour battant, avec un rythme qui ne faiblit jamais, ce qui est un bon point.

On ne peut naturellement pas conter raisonnablement l'apocalypse, en tout cas celle qui frappe et ravage tous les personnages du film, à l'exception de deux rescapés de justesse, la journaliste Angéla et le radio Nick, qui en est fou amoureux : ils s'ensauvent sur un bateau de sauvetage, alors que le cargo, dûment piégé pour cela, explose, jetant aux quatre vents tous ses occupants, y compris le dernier hôte du parasite monstrueux, le soldat d'élite Guzman (Paco Manzanedo). La bête diabolique ondoyant dans les eaux est gobée par un requin. Il y a donc lieu de penser que par une suite d'échanges alimentaires, un de ces quatre, ça va revenir dans une de nos assiettes. On sait depuis longtemps que tout est éternel retour. Bon appétit !


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