Les mélos de cette période, surtout ceux joués par Bette Davis, gagnent souvent à être vus au second degré, et parviennent à rester distrayants grâce à la pâtine kitsch créée par le temps. L'étrangère est trop boursouflé, trop interminable, pour entrer dans cette catégorie.

Les décors de studio sont jolis (la ville de Melun, vue par Hollywood, vaut le détour !), certains seconds rôles bien campés (Barbara O'Neil parfaitement haïssable en épouse givrée), mais les erreurs de casting sont grossières : le rigide et ennuyeux Boyer, et surtout la reine Bette elle-même, pas crédible une demi seconde en sainte nitouche au coeur pur. L'édifiant récit de cet amour rendu impossible par le poids des conventions, plombé par son manque d'humour, et l'insupportable quatuor de marmots, s'achève à la fin d'un (très) long flash-back, par l'épilogue le plus dégoulinant jamais vu dans un mélodrame en costumes.

Un pensum.

PS : M'étant demandé pendant tout le film, où j'avais bien pu déjà voir cette très inconnue Mrs. O'Neil, j'ai enquêté, et – bon sang, mais c'est bien sûr ! – c'est la douce maman de Scarlett dans Autant en emporte le vent !