Ah, Gilou40, je ne dis pas que les paysans de Farrebique, ni même ceux de Biquefarre étaient des parasites sociaux, et, comme tout le monde j'ai la nostalgie de ce monde agraire, pastoral, littéraire, harmonieux d'apparence que l'on a tendance à considérer comme l'âge d'or, que ce soit dans Autant en emporte le vent ou dans Les vraies richesses de Giono.

J'ai la nostalgie du temps où le monde était un vaste champ d'aventures, la nostalgie de la marine à voile, des fours banaux, de la lampe à huile, des diligences et des bogheis, de la houle des blés, des vertugadins et des crinolines, des face-à-main et de l'ondulation Marcel, des brodequins à clous et des bâtons blancs des agents de police. La nostalgie des Disparus de St-Agil et des Anciens de Saint-Loup, la nostalgie du Général de Gaulle et de Georges Pompidou, la nostalgie du Doulos et du Samouraï, la nostalgie de quelques milliards de choses….

Et une fois posé ceci, je suis bien content que le DVD existe, que ma télécommande ne m'oblige pas à me lever pour changer de chaîne, que ma voiture soit climatisée, et que ses vitres soient électriquement montables et baissables. Je suis bien content que l'anesthésie et le tout-à-l'égoût (les deux plus grandes innovations des deux derniers siècles) me soient accessibles. Je suis bien content du SAMU, des pontages coronariens, du four à micro-ondes, de la limpidité des autoroutes, de la rapidité des TGV.

Lecteur, veuille croire que j'ai toujours aimé mon époque, ayant tôt compris que je n'en connaîtrai jamais une autre ! dit quelque part le spirituel Philippe Meyer.

C'est très joli de penser que l'agriculture d'aujourd'hui peut vivre comme il y a cinquante ans ; ce qui peut vivre, ou faire semblant, comme il y a cinquante ans, c'est une sorte de musée de l'agriculture, les paysans vivant dans des sortes de réserves rurales, et entretenant l'espace, comme des jardiniers du tourisme et des objets ethnographiques. C'est entendu, nous avons assez de sous pour nous payer ces vastes réserves dans le Cantal ou l'Ariège où des gens bien sympathiques jouent Montaillou, village occitan et nous font croire que nous pourrions être nourris de lait de vaches bio trait à la main.

Ça n'a pas plus de réalité que la scénographie des spectacles Son et lumière. Ce monde est mort. Dommage. Mais, depuis la victoire du Nord sur le Sud et l'incendie d'Atlanta, nous savions que c'était inéluctable.

Impétueux : Ca me rappelle ces gens bien-pensants qui ne supporte pas de voir un toutou avec un petit manteau, comme on en croise l'hiver sur vos Champs-Elysées, sans s'écrier :"-Quand on pense que des gosses crèvent de faim !-"
Mais Vincentp a quand même raison qui dit en substance que la Paysannerie Française, c'est quand même la fontaine de Manon des sources avec tout un pays autour… A moins que ca ne soit plus valable aujourd'hui ? Cela ne devrait pas échapper au Provencal que vous êtes. Et je vous rappelle vos propos tenus sur le fil de l'immense Farrebique : Ce qui fait qu'à la fin du film, si loin qu'on est du mode de vie, des préoccupations, des espérances, des attentes de Roch, d'Henri ou de Maria – les protagonistes du film (on ne peut dire interprètes, puisqu'ils n'interprètent rien, ils vivent leur vie de tous les jours !) – si éloigné qu'on reste de ce monde enfui et enfoui, on fait partie de la famille… .
Ce Monsieur de la famille, à la vie si dispendieuse et opulente, renierait' il les siens  ?

Vincentp : La candidature de Hulot me fait sourire, (je la prend comme un immense coup de pub et ça finira dans un de ces déserts qu'il nous a tant vanté !) mais je n'avais pas fais le rapprochement avec ce que vous dites pour TF1. C'est ma foi fort vrai !