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Critique


De New-JPL, le 23 mars 2012 à 17:54
Note du film : 5/6

Un document exceptionnel, produit et édité par " LE REGENT ".

Ce film a ceci d'incomparable qu'il est une analyse brillamment historique mais également " à chaud ", un peu à la manière du DICATEUR de Chaplin mais sans la moindre prétention comique.

On notera des effets de styles d'un modernisme insolent : par exemple, la reprise en canon du mot " PROPAGANDE " sur fond de défilé des jeunesses hitlériennes. Où l'on retrouvera une prestation inédite du jeune Alain Cuny, accusé de l'incendie du Reichstag. A éditer absolument.


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De dumbledore

Rarement le nom d'un éditeur vidéo (Les Documents Cinématographiques) aura été aussi cohérent avec un titre proposé par cet éditeur. Après Mein Kampf mes crimes est réellement un document cinématographique, qu'il faut voir dans le contexte de l'époque.

On est en 1939, Hitler envahit peu à peu l'Europe dans une indifférence quasi-générale, que ce soit de l'Angleterre, des Etats-Unis protectionnistes, ou bien même de la France plongée dans l'irréalité d'une toute-puissance militaire qu'elle n'a plus depuis 1918. Alexandre Ryder commence alors un film pour tenter d'ouvrir les yeux sur qui est réellement Hitler, quels furent ses actes, quels sont ses désirs mais surtout sur le danger qu'il représente réellement. Le film sort en 1940. Trop tard ! Quelques semaines plus tard, la France entre dans une guerre qu'elle perd aussitôt. Le film est bien évidemment interdit, les copies toutes détruites… Enfin, presque toutes puisque le film ressortira en 1945, à la fin de la guerre, avec un quart d'heure supplémentaire.

De ce fait là, ce film est réellement un document, sociologique, historique de la vision que l'on pouvait avoir d'Hitler et de sa menace. Toute l'émotion que l'on a en voyant le film, se trouve dans une sorte de hors-champ du film : on est sans cesse renvoyé à l'époque de 1939, dans la réalité dans laquelle le film s'inscrivait et on est ému par ceux qui devaient subir « en vrai » l'influence de cette terreur, dans l'effort du réalisateur pour réveiller l'esprit critique endormi. On a une impression d'être branché en direct sur un drame qui va commencer d'une seconde à l'autre…

D'un point de vue purement cinématographique, le film est lui aussi étonnant. Il dénonce la propagande allemande, mais les méthodes utilisées sont elles aussi proches des méthodes de propagande allemandes : voix-off explicative reprise en chœur comme pour asséner encore plus un message, utilisation de termes très tranchants («faussaire», «assassin», etc.)

A côté de ce qui apparaît aujourd'hui comme des procédés grossiers, on trouve un mélange entre images documentaires et reconstitution cinématographique, autrement dit ce qu'on appelle aujourd'hui du «docu-drama». Le montage du film est lui aussi souvent étonnant, avec une concision extrème et un rythme soutenu.

La montée dramatique du film est particulièrement efficace, essentiellement dans les scènes « de fiction ». Le personnage d'Hitler est toujours montré comme une icône, une figure distante, ce qui permet de lui retirer toute humanité en développant son côté terrible. On ne voit finalement de près que ceux qu'il a approchés, et qui furent détruits à son contact, ainsi que les victimes distantes. De tout cela, une seule chose ressort : la stupéfaction. Stupéfaction que « cela » soit possible.

Cette stupéfaction se retrouve aussi dans la dernière scène du film: une famille allemande constituée du père, de la mère et du fils appartenant aux jeunesses hitlériennes discute. Le père ose critiquer un acte du Fuhrer. Le fils va alors le dénoncer et causer la mort de son propre père… La réduction d'une tragédie internationale à une tragédie individuelle donne encore plus de force à la dénonciation que propose Après Mein Kampf mes crimes


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