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Envoutant et sensuel


De DelaNuit, le 4 août 2016 à 15:42
Note du film : 6/6

L’année de tous les dangers est une superbe évocation par Peter Weir du travail de journaliste dans un pays du tiers monde, réalisée avec une volonté de réalisme qui n’empêche pas le lyrisme, la réflexion ou la contemplation. Nous sommes dans la chaleur tropicale de l’Indonésie sous la dictature de Sukarno, en 1965. Le pays est au bord de la révolution tandis la population extrêmement pauvre survit tant bien que mal. Le quotidien moite de cette Indonésie parfaitement crédible trouve un accompagnement bienvenu dans la musique de Maurice Jarre, qui délaisse les grandes envolées à la Lawrence d’Arabie ou La route des Indes au profit d’une partition tout en atmosphère.

Mel Gibson joue très bien les jeunes premiers en journaliste fraîchement débarqué dans cet univers inconnu. L’acteur et futur réalisateur ne traine pas encore les casseroles des prises de position racistes ou homophobes à venir, et n’a pas encore dévoilé sa complaisance pour la violence, même s’il a atteint la célébrité auprès d’un certain public avec les deux premiers Mad Max. Ce film lui ouvre les portes du cinéma tout public international. Sigourney Weaver, elle aussi révélée par la science-fiction après avoir affronté Alien, campe une fort séduisante attachée d’ambassade, tour à tour distante et passionnée. Sa présence en impose comme d’habitude.

Mais ces deux personnages ne sont pas les plus intéressants et originaux de l’histoire, qui tourne autour d’un troisième larron autrement plus singulier et ambigu : le nain photographe Billy Kwan. Ami de la belle, compagnon et guide-initiateur du héros dans la jungle politique et journalistique de Jakarta, il accompagne, aide et tire les ficelles, tel le montreur des marionnettes indonésiennes qu’il affectionne, cet art subtil reposant sur une spiritualité non manichéenne proche du Yin et du Yang, où s’exprime la complexité du monde et l’impermanence des choses… L’ambiguïté du personnage est renforcée par l’interprétation de Linda Hunt travestie en homme (elle fut la fugace mais remarquée « Shadout Mapes », gouvernante « fremen » de Dune ou en tenancière de saloon dans Silverado). C’est ce personnage, avec sa part d’idéalisme et de manipulation, à l’image finalement de son pays et de son gouvernement, qui fait tout le sel du film. Ce qu’il provoque et projette sur les autres aura des répercussions et modifiera le cours de leur existence… Une plongée dans un monde si loin si proche dont les images comme le propos n’ont pas pris une ride.


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De vincentp, le 10 juillet 2015 à 23:49
Note du film : 6/6


Un rythme sans doute un peu trop lent, des péripéties de scénario discutables, on peut s'ennuyer par moments (la gestion du spectateur n'est pas optimisée), mais oui, L'année de tous les dangers possède de grande qualités. L'emploi de la musique de Vangelis, parfaitement accordée aux images, crée des séquences inoubliables. Le descriptif des milieux professionnels est très réussi : le milieu journalistique, avec les relations entre collègues de travail masculins -parfaitement évoquées-, face au milieu féminin de l’ambassade britannique. Très belle étude psychologique.

Mais d'autres qualités telles celles décrites par Arca1943, comme l'évocation du contexte historique et social. Les incertitudes, les inquiétudes et les contradictions des acteurs de différentes nationalités dans un contexte troublé sont parfaitement gérées par la photographie et la mise en scène (façon reportage, avec moments-clés saisis sur le vif). La mise en scène de Peter Weir est sans défaut, plutôt rugueuse (ceci évidemment en rapport avec la culture australienne des auteurs). Une excellente oeuvre du début des années 1980 au final.


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