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Un chef-d'oeuvre du gothique ... ou presque !!


De Impétueux, le 11 juillet à 19:57
Note du film : 4/6

Mon Dieu, qu'ils étaient excellents, les films de la Hammer, reconnaissables entre tous grâce à leurs costumes, à leurs décors, à la façon dont les images étaient filmées, graves, belles, menaçantes, diurnes ou nocturnes mais toujours angoissantes ! Mon Dieu, combien il y avait d'inventivité, de subtilité, d'élégance dans les récits que cette grande maison offrait à ses innombrables admirateurs qui s'appuyaient sur le talent de grands acteurs, Christopher Lee et Peter Cushing. Et dans La gorgone les deux vedettes sont là, qu'on peut juger presque à contre-emploi, Lee en bon, Cushing en méchant ! Et en fait ce n'est pas si simple que ça.

Il y a dans La gorgone tout le charme et l'atmosphère des grandes belles années de Terence Fisher mis au service d'une histoire originale ; on peut d'ailleurs s'amuser à retrouver les traces, les orientations, celles qui ne s'appuient pas sur les merveilleux récits de vampires, mais sur d'autres légendes, d'autres clivages. Par exemple l'appel à la survivance des dieux de jadis qui font retour dans notre ère ; Malpertuis de Harry Kummel, d'après Jean Ray, par exemple. Ou bien, pour le secret confiné dans une petite société villageoise qui se tait, L'œil du malin de Jack L. Thomson en 1966 ou The Wicker Man de Robin Hardy en 1973.

Cela étant, ça commence, comme d'habitude, dans un paysage austère, glacial, rude, désolé, abrupt, dominé par un château en ruine. Et avec une forêt hostile, secouée de pluie et de vent. Ça se passe dans l'Europe centrale du début du 20ème siècle, dans ces terres mal définies, allemandes et slaves tout à la fois. Un septième meurtre en cinq ans ; des jeunes filles pétrifiées par on ne sait quelle malédiction que le professeur Namaroff (Peter Cushing) tente d'explorer, angoissé par l'inquiétude qu'il ressent du mystère évident de la contrée.

Comme souvent tout cela se passe au début du 20ème siècle, à une époque où cohabitent engagements scientistes et croyances encore fascinées pour les fariboles légendaires : on se plonge en même temps dans l'expérimentation scientifique la plus rigoureuse, mais on accorde du poids aux vagues idéologies du spiritisme.

Dans une bourgade de Transylvanie (ou d'un ailleurs proche), un jeune artiste peintre, Bruno Heitz (Jeremy Longhurst), amant de la jolie Sasha (Toni Gilpin) est soupçonné d'avoir assassiné sa maîtresse, septième victime, avant de se pendre à un arbre. Son père ((Michael Goodliffe) ), rigoureux professeur de Lettres de l'Université de Leipzig n'accepte pas les explications lénifiantes qui lui sont données par les autorités. Mais il est, lui aussi, frappé par la malédiction de la contrée, après avoir fait appel à son fils Paul (Richard Pasco) pour l'aider à résoudre les nombreux mystères qui volent.

Le mystère sera, bien entendu, dévoilé, dans les dernières vingt minutes, qui ne sont pas les meilleures. D'autant que, pour des raisons incompréhensibles, les scénaristes ont mélangé les noms des Erinyes, divinités vengeresses (mais positives) de la mythologie grecque (Mégère, Tisiphone et Alecto) avec les abominables, démoniaques Gorgones (Méduse, Euryale et Sthéno). Toujours est-il que les malheureux qui ne peuvent échapper au regard de la créature maléfique se voient, à bref délai, littéralement pétrifiés.

Un lourd secret partagé pèse sur cette malédiction ancestrale : on le comprend assez vite. Mais, même si l'on ne peut pas être tout à fait satisfait du procédé, trop prévisible pour être vrai, on pourra prendre sa quantité de plaisir à ce film des belles années de l'épouvante classique.


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De verdun, le 3 janvier 2018 à 19:59
Note du film : 4/6

Un vrai chef-d'oeuvre…

Columbia n'a jamais sorti ce film dans les salles françaises (alors que les Belges y ont eu droit) et n'a jamais édité cette Gorgone en dvd alors qu'elle a fait paraître le très faible Les maléfices de la momie. A croire que la filiale française de Columbia a eu peur de se retrouver pétrifiée par le fameux monstre. C'est pourtant un bijou de la Hammer et de Terence Fisher.

Le scénario de John Gilling transpose avec originalité le mythe grec de la gorgone dans l'Europe Centrale du XXe siècle. Certains éléments ont été empruntés à La nuit du loup-garou.

Les inégalables Peter Cushing en méchant scientifique, Christopher Lee, en gentil professeur décidé à découvrir la vérité, et la fascinante Barbara Shelley sont toujours aussi excellents. Les rôles secondaires sont eux aussi très bien tenus.

La photo automnale de Michael Reed et le décor contribuent à donner à l'ensemble un climat ténébreux assez fascinant et inhabituel. On peut regretter le côté "kitsch" du maquillage de la Gorgone… Mais le film mérite d'être vu.

C'est sans doute l'un des films les plus personnels de Terence Fisher, comme dans L'homme qui faisait des miracles, La nuit du loup-garou ou Les deux visages du dr Jekyll, il s'agit avant tout d'un mélodrame, d'une histoire d'amour tragique entre Paul Heist (Richard Pasco) et Carla Hoffman (Barbara Shelley) mais avec ici une mélancolie et un romantisme supplémentaires.

La musique est elle aussi remarquable, une sorte de chant des sirènes en adéquation avec le propos du film.

Un chef-d'oeuvre donc… Mais le maquillage du monstre (serpents en plastique) est une catastrophe pas loin de flinguer l'ensemble du long-métrage. Il ne faut pas croire que ce soit des effets spéciaux datés: Christopher Lee ou John Gilling ont dénoncé en leur temps la médiocrité du look de la gorgone.

Rageant… mais est-ce une raison pour ne pas montrer ce film en France ?


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