J'ai évoqué les feux d'artifice. J'aurais tout aussi bien pu parler des jeux vidéo dits de plateforme. Après tout, se pose-t-on la question de savoir pourquoi Mario (je ne connais pas d'autre héros de ce genre particulier de distraction) passe, sans raison, d'un niveau désertique à un niveau aquatique puis se retrouve à voleter au milieu des nuages : on fait tout son possible pour l'en sortir, en écrasant ses multiformes ennemis et en lui faisant atteindre la porte magique qui lui permettra de passer dans une autre géhenne.
Pris ainsi, Mission impossible 3 n'est pas désagréable, même si le film n'a évidemment rien à voir avec la géniale série créée en 1966 par Bruce Geller qui était un modèle de sophistication et de raffinement scénaristique et qui bénéficiait d'une solide équipe d'interprètes plus disposée à vivre des aventures intelligentes qu'à se jeter dans des numéros de haute voltige. Je n'ai absolument rien contre Tom Cruise, lui reconnaissant au moins d'avoir été pour Stanley Kubrick la pâte malléable nécessaire à son plus immense film, Eyes wide shut. Son adhésion aux fariboles de la scientologie est son affaire et m'indiffère complétement et je trouve que sa belle gueule ne dépare pas les désormais multiples incarnations de l'agent Ethan Hunt. Les autres interprètes s'enfouissent un peu dans le brouillard de mon proche gâtisme, sauf que j'ai cru reconnaître en Laurence Fishburne un des héros de l'assez puéril Matrix : la mode est désormais de confier aux Noirs américains les rôles de patrons des services, la mauvaise conscience et le politiquement correct continuant leurs ravages parallèles. Disons aussi que j'ai levé assez haut la paupière devant la tenue dénudée qu'arbore Maggie Q lors d'une réception au Vatican, ricanant bien devant l'incapacité des scénaristes de concevoir que Camériers secrets et Gardes suisses n'auraient pas toléré une seule seconde cette exhibition, au demeurant tout à fait ravissante (mais il y a un temps – et un lieu – pour tout).Une fois les faux-semblants découverts, les retournements de situation effectués, les bondissements, poursuites, bagarres conformes au cahier des charges accomplis, qu'est-ce qui reste ? Je cherche encore et ne crois pas que je trouverai.
Il leur aura fallu trois films, pour enfin rendre justice à Mission : impossible !
Après la classe vaguement ennuyeuse de De Palma, les délires ralentis de Woo, il a fallu un homme de télé, bien moins prestigieux que ses prédécesseurs, pour pondre ce film d'action survitaminé, faisant fi de toute vraisemblance, pour enchaîner les séquences spectaculaires et angoissantes. Le début est digne de celui de Cliffhanger, le méchant est ENFIN réellement inquiétant parce que réaliste, intelligent, et joué par l'immense Hoffman, qui fait littéralement froid dans le dos, dans les face à faces avec Hunt. Et le fait d'avoir froidement tué une des héroïnes au début (merci Psycho), rend tout le reste d'autant plus stressant. Cruise n'a pas fait de progrès, mais Abrams ne lui laisse pas le loisir de cabotiner et le filme sans complaisance aucune, et les seconds rôles sont excellents, à commencer par l'incontournable Rhames, et le massif Fishburne.
De loin de meilleur de la série, ce n°3 est celui qui a le moins marché, à cause semble-t-il de la promo répulsive de Cruise. Le DVD devrait donner une seconde chance à ce film d'une incroyable énergie, qui a en plus le tact de ne pas abuser du "gimmick" ridicule des masques en plastique. Il est fort à craindre qu'un n°4 ne voie jamais le jour : dommage, ils nous avaient enfin donné l'envie d'une suite.
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