Cette description donne en quelque sorte l\'eau à la bouche ! Mais gare : si ce n\'est pas aussi mauvais que vous le dites, je serai déçu. À vous lire, la fin m\'a l\'air particulièrement juteuse. Pauvre Jean Seberg…

Romain Gary me semble un des romanciers français de la seconde moitié du vingtième siècle les plus passionnants dans son oeuvre comme dans sa vie.. Mais concernant le cinéma, il me semble avoir autant de talent que … Bernard-Henri Levy.

Kill est un film absolument irregardable, tellement que ça en deviendrait fascinant: voilà pourquoi il mérite bien un 5/6!! Que ceux qui critiquent les gros sabots d'un Cayatte ou d'un Boisset visionnent ce long-métrage! Gary a voulu commettre un pamphlet pour exprimer le dégoût que lui inspiraient les trafiquants de drogue, qui ont tué à petit feu des êtres qui lui étaient chers.A commencer par l'actrice principale de ce film, Jean Seberg. On ne peut que souscrire à ce combat, mais en voulant leur appliquer la loi du talion et les executer sans sommation, n'encourage t-il pas ce qu'il voulait condamner ?

S'il n'y avait que ce message sans nuance !! Le film est d'une facture très médiocre. Et ila aussi subi l'outrage des ans. Il a aussi mal vieilli que Peur sur la ville de Verneuil. On a le droit à une photo surexposée assez laide, à de multiples effets maladroits, à des ralentis insupportables, à une musique insignifiante,à une peinture orange qui est censée figurér du sang, à des décors et des costumes hideux. Comme Peur sur la ville, on retrouve une pléthore de dialogues et de situations ridicules, un mélange de prétention et d'insignifiance. Et Gary n'a pas le talent de Verneuil pour filmer une bonne scène d'action.

Le début est d'un ridicule achevé: James Mason incarne un personnage de flic qui va chasser le canard; un dealer tente de le tuer mais tue le canard à sa place !! Il rentre chez lui et sa femme, incarnée évidemment par Seberg, affublée d'une perruque afro à la Jimi Hendrix (!!) écoute avec la plus grande attention un disque composé de bruits d'animaux sauvages. Mason lui tend le canard précédemment tué à tort par le dealer en disant: "A défaut de lion tu te contenteras de ça"!! Suivent des scènes tout aussi lamentables, notamment une scène d'amour entre Stephen Boyd et la doublure de Jean Seberg..

Et que doit-on dire de la fin, l'une des plus grotesques jamais tournées où sur fond de rumba, les dealers sauvagement abattus (ainsi hélàs que James Mason) s'élèvent tous dans le ciel, tels des zombies grimaçant en apesanteur ??

Voilà pourquoi Kill, par ailleurs divertissant, est déléctable. Il est fascinant de voir un romancier d'une grande profondeur faire un film aussi navrant doté d'un scénario niais et des dialogues désopilants malgré le mystère réel véhiculé par les personnages . Presque plus que de voir le médiatique BHL commettre Le jour et la nuit.. Le film existe en dvd et peut être trouvé dans des brocantes pour une sommme dérisoire, je ne vais pas m'en séparer de sitôt car le film me passionne et réunit du beau monde. Dommage qu'il ne présente que la VF car si en français,Boyd semble enfin bon comédien, tout le monde sait qu'un film avec l'immense James Mason se savoure en vo !!

A voir absolument !!