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La guerre de Mitchum


De verdun, le 27 juillet 2020 à 22:16
Note du film : 3/6

Sorti en 1968, La bataille pour Anzio est l'un des innombrables films de guerre à gros budget ayant déferlé sur les grands écrans durant les années 1960. Ce long-métrage, réalisé par le vétéran Edward Dmytryk, n'est pas totalement convaincant mais s'avère très intéressant à suivre.

La bataille pour Anzio est assez bancal, surtout en raison d'une structure narrative contestable: l'ensemble est constitué de trois parties qui ne s'imbriquent pas très bien entre elles.

La première demi-heure est franchement poussive: le spectateur attend le débarquement des Alliés à Anzio, ville située dans la province de Rome, en janvier 1944. Différentes scènes comiques voire parodiques présentent de façon assez lâche les personnages que nous allons suivre durant la majeure partie du film, notamment le correspondant de guerre Dick Ennis (Robert Mitchum), le caporal Rabinoff (Peter Falk) et le sergent Stimmler (Earl Holliman). Nous sommes heureux de retrouver de tels acteurs, mais la narration des préparatifs de l'opération alliée aurait du donner lieu à quelque chose de nettement plus prenant. Notons par ailleurs que quelques acteurs italiens, comme le débutant Giancarlo Giannini ou le tonton flingueur Venantino Venantini incarnent des soldats américains, ce qui s'explique par le fait que Bataille pour Anzio est une coproduction américano-italienne.

Dans la demi-heure suivante le débarquement a lieu et le film devient alors nettement plus intéressant. Car la situation présentée est insolite: les Alliés arrivent sur la plage d'Anzio et n'y trouvent, à leur grande surprise, personne ! Les trois personnages principaux partent en jeep jusqu'au coeur de Rome, alors quasiment désert. Les Allemands, conduit par le maréchal Kesselring (Wolfgang Preiss, l'un des meilleurs interprètes de ce genre de rôle) ont été pris par au dépourvu et n'ont positionné aucune troupe dans le secteur. Malgré cette avance considérable les Américains n'osent pas s'avancer, en raison de l'attentisme du général Lesley (incarné par un Arthur Kennedy inhabituel) qui craint un piège et ne cherche qu'à consolider la tête de pont. Les Allemands ont donc le temps de s'organiser et de prendre au piège les Américains… Cette demi-heure laisse entrevoir la reconstitution passionnante de la bataille de Anzio que le titre nous promet.

Hélas la deuxième heure de La bataille pour Anzio se focalise sur le sort d'un groupe de sept Américains -dont Ennis et Rabinoff- qui ont échappé au carnage et vont tenter de rejoindre leurs lignes alors que le secteur grouille à présent de soldats allemands. Le scénario s'éloigne alors de l'analyse de la bataille entrevue précédemment et retombe donc dans les conventions rebattues du film de guerre et de survie. Et du coup, le titre du film se révèle mensonger…En outre, les jeunes cinéphiles risquent de trouver l'ensemble vieillot et artificiel comparé à Il faut sauver le soldat Ryan alors que les Anciens estimeront que la réalisation de Dmytryk a moins de style, de souffle et d'habileté que celles d'un Walsh ou d'un Fuller. Cela n'empêche pas La bataille pour Anzio de montrer, chose rare pour un film distribué par une grande compagnie américaine, en l'occurrence la Columbia, une défaite cinglante des Alliés.

La bataille pour Anzio se laisse regarder grâce à de bonnes séquences, une photo du grand Giuseppe Rotunno qui magnifie les décors italiens, de bons acteurs, l'importance des moyens mis en oeuvre et une amertume inhabituelle. Mais on sent bien qu'avec plus de rigueur et de souffle dans le scénario et la mise en scène, cela aurait pu être un film de guerre inoubliable. 3,5/6.

PS: les cinéphiles ici présents noteront un certain nombre de similitudes avec le futur Waterloo de Bondartchouk: même producteur (Dino De Laurentiis), même scénariste (H.A.L. Craig), même mélange ambigu de batailles spectaculaires et d'amertume envers les instincts guerriers de l'homme. Et lors du générique de début de cette Bataille pour Anzio, on voit Robert Mitchum déambuler dans les couloirs du Palais royal de Caserte, résidence de la famille royale des Bourbons de Naples, qui figurera le château de Fontainebleau quelques mois plus tard dans …Waterloo.


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