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Traversée de Paris


De Impétueux, le 17 mai 2019 à 14:12
Note du film : 2/6

Voilà un film de compilation, d'une inutilité flagrante, superficiel et funambulesque, sans doute réalisé pour pouvoir dépenser du fric qui dormait et qu'il fallait à toute force faire circuler : une sorte d'exercice de style où une vingtaine de réalisateurs à notoriété inégale et à talent incertain sont priés de composer une sorte de patchwork sur les 20 arrondissements de la plus belle ville du monde. D'ailleurs, à ce point de vue là, un aspect positif : personne ne songerait à tisser une telle tapisserie sur d'autres métropoles, à part, peut-être, sur Rome (à qui, d'ailleurs, nous sommes liés par un traité de jumelage exclusif). Mais les autres capitales peuvent aller se rhabiller. Il y a nous, puis rien puis rien puis Rome et très loin derrière la troupe des New-York, Londres, Berlin et tout le tremblement.

Donc Paris. Paris montré et parcouru en tous sens, sautant de Montmartre (18ème) au Quai Saint Bernard (5ème), puis zigzaguant vers le Marais (4ème), les Tuileries (1er), les Olympiades (13ème) et ainsi de suite, jusqu'à parcourir presque tout l'intérieur du périphérique. À chaque étape un réalisateur différent dont certains sont assez notoires (Bruno Podalydès, Gus van Sant, Olivier Assayas, les frères Coen, Alfonso Cuaron, Wes Craven) et des histoires qui ne sont pas reliées les unes aux autres et ne dépassent pas la durée obligée de six minutes. On voit bien l'artifice et le côté funambulesque. Chaque partie de ce tout (deux arrondissements, le 15ème et le 11ème, bien qu'illustrés, n'ont pas été incorporés au film) est indépendante des autres. Et chaque segment ne vaut que ce qu'il vaut.

Quelques acteurs de premier ou de deuxième plan ont prêté leur concours : je les cite au fil des segments : Gaspard Ulliel, Steve Buscemi, Juliette Binoche, Hippolyte Girardot, Yolande Moreau, Ludivine Sagnier, Fanny Ardant, Elijah Wood, Gérard Depardieu, Ben Gazzara, Gena Rowlands. Mais cette galaxie d'apparence éclatante est d'une bien faible luminosité et la qualité ou l'intérêt des séquences n'est en rien fonction de la notoriété de ceux qui les mettent en scène ou qui les interprètent. Chacun fait le minimum syndical, joue sa petite partition, ravi d'être sorti pour quelques jours des contraintes des grosses productions, s'amuse du caractère artificiel de l'exercice et ne laisse pas la moindre trace dans la mémoire.

Certains critiques ont paraît-il regretté que Paris, je t'aime puisse apparaître comme une production émanant de l'Office de tourisme. Si tel était le cas on ne pourrait que se réjouir de voir un film publicitaire disposer d'aussi importants moyens et que les caméras soient branchées sur certains quartiers périphériques ou des merveilles moins connues que la Cité, l'Arc de triomphe ou la Tour Eiffel. Il peut y avoir de jolis regards ou des regards originaux sur la Place des Fêtes (19ème), la rue du Roi de Sicile (4ème), les Olympiades (13ème), la place des Victoires (2ème), l'avenue Frochot (9ème), la place de Catalogne et le cimetière Montparnasse (14ème), la mairie du 10ème (sans doute la plus belle de toutes ; et d'ailleurs ce fut la plus coûteuse à construire)…

Extrême inégalité de toutes les séquences : la plupart sont insignifiantes, voire ridicules, au premier chef Quais de Seine (5ème) de Gurinder Chadha, naïve apologie de l'islamisme, Tuileries (1er), des frères Coen, absolument lamentable, Tour Eiffel (7ème) de Sylvain Chomet, affligeant, Pigalle (9ème) de Richard LaGravenese, à la limite inférieure du foutage de gueule, ou Madeleine (8ème) de Vincenzo Natali, avec des vampires insignifiants et inutiles.

Les moins mauvais, à mes yeux, sont parc Monceau (17ème) d'Alfonso Cuaron, avec une amusante pirouette finale, Enfants rouges (3ème) d'Olivier Assayas, un peu embrumé de drogues diverses et sûrement aussi 14ème arrondissement d'Alexander Payne, bien conçu, avec une touriste de Denver qui n'a pas beaucoup de sous, mais vient chaque année s'irriguer de la beauté d'une ville qu'elle aime et qui ressent un jour que cet amour est désormais partagé…

Une courte conclusion tente de nouer des rapports entre nombre des personnages mais ça sonne assez faux. Deux heures pour ça, c'est bien long…


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