Ce qu'il y a d'impeccable, dans le film, c'est la clarté du discours ; on ne se perd jamais dans le récit, si compliqué qu'il est. Pourtant je n'ai pas bien compris l'intérêt de présenter une histoire hachée par la révélation que la mourante Daisy entend de sa fille Caroline (Julia Ormond) du journal de Benjamin (Brad Pitt). Voilà qui alourdit considérablement le propos et ne lui apporte rien, sinon l'image d'une vieillarde qui s'étouffe et va bientôt succomber. Mais pour le reste, c'est plutôt bien filmé, avec de substantiels moyens et des acteurs qui tiennent leur partie.
Maintenant tout cela est très prévisible et on sait au début de chaque séquence comment elle va se terminer ; Benjamin et Daisy connaîtront de sacrées vicissitudes avant de se retrouver, de vivre leur grand amour et de se séparer. On regarde cela avec un œil d'entomologiste saisi par la logique absolue des systèmes. Ni les amoureux ne peuvent échapper à leur attirance, ni ils ne peuvent faire que leurs barques s'éloignent.Je ne sais pas s'il aurait été possible de filmer ce que serait, ce que pourrait être la lente descente vers l'inconnu et la régression d'un Benjamin qui devient à la fois physiquement enfant et intellectuellement sénile. Mais sauf à nous mentir, nous savons bien que nous finirons comme nous avons commencé : chauves, édentés, incompréhensibles et énurétiques.
Visiblement, L'étrange histoire de Benjamin Button est un film qui partage. Tant mieux.
Personnellement, j'ai succombé à son charme tranquille et désuet, son ton de fable sudiste, et la gentille perversité de son message. Fincher, dans la scène-clé du film, nous montre les deux amants devant la glace de la salle de danse. Ils veulent se souvenir de ce moment, où tout est harmonieux : ils ont le même âge, ils s'aiment, tout va bien. Mais ils savent, nous savons, que tout cela est éphémère. Comme si cela ne concernait que les personnes vieillissant à l'envers ! C'est en décrivant l'exception, que Fincher parle insidieusement de l'universel, le bonheur forcément fugace, l'inéluctable, la séparation. En cela, L'étrange histoire de Benjamin Button est d'une profonde tristesse, traversé d'éclairs d'optimisme dérisoire (Tilda Swinton réussissant son pari, avec vingt ans de retard). Quant à l'image de cette vieille dame élégante embrassant ce tout petit garçon dont elle tient la main, dans la rue, elle risque de hanter longtemps les mémoires…
Le film est plus lent que long, certains passages (les marins) sont inutilement étirés, mais Pitt et Blanchett déjà mariés dans Babel, sont idéalement castés, et comme il est dit plus haut, les F/X tiennent du prodige.
Un joli conte, qui embrasse des thèmes énormes, et parvient à les contenir dans ses presque trois heures de projection, sans se complaire dans la surcharge esthétique, à laquelle auraient peut-être cédé un Burton ou un Gilliam, plus accoutumés à ce genre de projet.
Décidément, il faudra peut-être que je revoie Zodiac, qui est le seul film de Fincher auquel je n'ai pas accroché…
Je viens d'assister au tournage de quelques scènes dans la rue à côté du bureau (je travaille dans le Vieux-Montréal). Je ne sais pas ce que va donner mais – snif ! – pas moyen d'apercevoir Cate Blanchett ! Elle était là, pourtant; tous les journaux l'on écrit, ça doit donc être vrai. Dommage, ce souper aux chandelles sera pour une autre fois… Aïe ! Ma blonde vient de me flanquer un gros coup de coude dans les flancs ! Elle est pourtant bien mal placée pour parler, elle qui s'est tordu le cou comme une midinette pour apercevoir Brad Pitt… elle aussi en vain: y'a tout de même une justice.
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