Don Bluth est un des premiers réalisateurs de dessins animés qui a osé. Il a osé affronter le goliath Disney. Animateur et dessinateur chez Disney, il trouve – dans les années 80 – que le quasi-monopole de Disney sur le long-métrage d'animation est devenu insupportable. Insupportable pour un travail qui est de moins en moins consciencieux et insupportable dans le formatage bien pensant avec des codes qu'il ne faut pas changer.
Du coup,
Don Bluth décide de partir et réussit à convaincre la MGM de produire ses films. Ce sera
Brisby en 1982 et
Fievel en 1986, ce dernier film faisant une recette inégalée sur le territoire américain pour un dessin animé. Une claque pour Disney. Ce ne sera pas la dernière.
Brisby n'est pas un film Disney mais il est pourtant un film totalement pour enfants. Il raconte les mésaventures de Brisby, une souris, veuve qui tente de survivre avec ses enfants. Les temps sont durs, son petit dernier est très malade et ne peut être transporté. Or, leur maison qui se trouve dans un champ est menacé par un tracteur.
Le seul moyen pour Brisby de sauver sa famille est de demander l'aide des rats qui habitent dans le jardin de la ferme. La rencontre avec ces rats va éclairer la jeune femme sur la mort de son mari…
On retrouve ici toutes les valeurs enseignées dans les films de Disney et qui sont également des valeurs qui touchent les enfants : une mère qui lutte pour sauver ses enfants, une réflexion écologique sur les expériences sur les animaux et le fameux adage "science sans conscience n'est que ruine de l'âme". Pour le côté divertissant et rires plusieurs personnages sont là pour officier, à premier lieu le un corbeau maladroit tout à fait réussi.
Par contre, là où le film s'éloigne du monde de Disney, c'est que le récit ne propose pas un monde tout blanc et tout noir, mais un monde plus complexe. Tout d'abord, chose rare, l'héroïne du dessin animé est une mère et non un enfant ou un adolescent. Et pas n'importe quelle mère : une veuve qui est débordée par les contraintes de la vie quotidienne, qui assure comme elle peut. Quant aux autres personnages, ils sont ambivalents. Que ce soit les rats qui ont subis des expériences et qui se révèlent gentil malgré tout, ou bien encore le sage de la forêt : un hibou présenté avec dureté et violence. La sagesse qui sort de la bouche d'un personnage sombre, dont la maison est remplie d'ossements de ceux qu'il a mangé ne correspond guère au crédo de Disney…
Le film possède également un visuel très contrasté, avec beaucoup de scènes jouant la noirceur ou les couchers de soleil. La beauté du dessin et surtout des décors est remarquable. Le film est même doté d'une musique de
Goldsmith,
c'est dire. Une des partitions préférées de son auteur.