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Un sommet mésestimé du péplum


De droudrou, le 6 février 2022 à 18:00
Note du film : 3/6

Je ne suis pas content : "après avoir relu les diverses interventions des uns et des autres je voulais revoir le film  !" Horreur ! mon bluray était vide le film s'était délité ! de la même façon que j'avais pu connaître le même incident avec "les 55 jours de Pekin" "El Cid" "Le discours d'un roi" et "Danse avec les loups" ça fait marcher le commerce !…


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De DelaNuit, le 3 février 2022 à 17:55
Note du film : 6/6

Je ne peux résister à copier/coller un extrait de la critique de Claude Monnier sur le blog de Starfix au sujet de la récente réédition prestigieuse d'une qualité inégalée de cette Chute de l'empire romain (après celle du Cid et des 55 jours de Pékin) par l'éditeur Rimini :

"En dehors des scènes de bataille et de duels qui sont autant de suicides déguisés, les personnages de La Chute de l’Empire romain se déplacent lentement, cérémonieusement, dans un format scope qui n’a jamais autant ressemblé à un proscenium religieux : l’écran devient un édifice imposant, le grand mur d’un temple sur lequel on projette une fresque mortuaire. Précisons que cette lenteur funèbre n’est pas ennuyeuse car c’est le rythme parfait pour une telle histoire : le film résume magistralement en deux parties, de part et d’autre de l’entr’acte, la disparition de l’Empire romain, disparition qui a pris en réalité trois cents ans : c’est d’abord une première partie nordique, dans une tonalité lunaire, bleutée, neigeuse ; nous y voyons la lente extinction de la Sagesse, incarnée par Marc Aurèle (Alec Guinness), culminant avec l’extraordinaire séquence des funérailles de l’Empereur, dans laquelle les Romains sont encore soudés et pensifs, ignorant stoïquement les bourrasques glacées ; c’est ensuite une seconde partie méditerranéenne, à Rome et au Proche-Orient, dans une tonalité ocre de pourriture : nous voyons alors le règne décadent de la Déraison, incarnée par Commode (Christopher Plummer), culminant avec la cérémonie religieuse sur le forum, où les Romains, désormais, ne sont plus soudés et pensifs, mais paralysés, hypnotisés, incapables de réfléchir devant ce jeune homme mégalomane qui se prend pour un dieu, sortant lentement du ventre d’une statue, sous un soleil cuisant. Le motif du feu revient dans les deux parties, mais si, dans la première, le feu est utile, servant à éclairer et à chauffer les Romains sur le front germanique (torches, feux de camp), dans la seconde partie, sous la chaleur méditerranéenne, le feu est inutile, vaniteux, criminel (voir le bûcher final).

La beauté particulière du film vient de son paganisme. Mann nous montre une civilisation étrange, devenant pour la première fois aussi ésotérique que la civilisation égyptienne ; voir les nombreux rites religieux minutieusement mis en scène et que seul un historien peut comprendre : sacrifices divinatoires, immolations, chants, flagellations devant l’Empereur-dieu Commode, statues gigantesques et effrayantes… D’un bout à l’autre, nous contemplons, fascinés, un monde vraiment « autre », tout en étant conscients que notre propre civilisation sera un jour consumée par le Temps.

Après la mort de Marc Aurèle, le couple du film (Stephen Boyd et Sophia Loren) devient tout à coup impuissant, voire dérisoire devant ce courant impitoyable qui balaie tout sur son passage, courant symbolisé ici par une figuration dantesque, presque monstrueuse : une fourmilière de soldats ou de citoyens, qui menace de tout recouvrir… ou de s’effondrer sur elle-même. Ce courant n’est autre que l’Histoire. Mais cette multitude dans laquelle le couple maudit s’enfonce à la fin est aussi un brassage, et c’est peut-être le seul espoir de ce spectacle funèbre : de tout ce remous violent émergera un peuple nouveau, métissé, tel que l’appelait de ses vœux le sage Timonides, incarné avec émotion par James Mason. Claude Monnier"


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