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Du cœur, mais dans tous les sens...


De Impétueux, le 8 novembre 2012 à 19:42
Note du film : 3/6

Si sympathique, dense et argumenté qu'est le plaidoyer de Laurent Roth, qui présente le film et s'insurge contre le mauvais accueil que lui a fait la critique, qui avait été séduite par Marius et Jeannette, si attachant et chaleureux qu'est A La place du cœur, le film n'est sûrement pas un des meilleurs Guédiguian.

L'histoire est plutôt jolie, pourtant, de ces deux enfants de Marseille qui s'aiment depuis l'enfance, elle blanche, lui noir, l'un et l'autre enfants de familles amies et solides, qui font un bébé et qui vont se trouver confrontés à de sacrées vicissitudes.

Mais c'est là que ça se gâte : ces vicissitudes sont absolument extérieures à l'atmosphère majeure du film : on y voit la patte d'un policier raciste qui, pour un viol prétendument commis par le héros sur une jeune femme de Sarajevo, se retrouve en prison.

Mais, cher Robert Guédiguian, pourquoi avoir inventé cette histoire rocambolesque ? Vous ne croyez pas qu'eût suffit à votre démonstration, toujours communisante, archaïque et humaniste, la simple réalité des temps ordinaires ? Clémence, qu'on appelle Clim (Laure Raoust, remarquable), fille de Marianne (Ariane Ascaride) et Joël (Jean-Pierre Darroussin) est enceinte de François – qu'on appelle depuis toujours Bébé – (Alexandre Ogou), enfant adopté du couple que forment Franck (Gérard Meylan) et Francine (Christine Brücher). Francine est confite en dévotion, est même un peu timbrée, mais finalement tout le monde est ravi que les jeunes gens s'aiment.

Seulement un méchant policier raciste, fasciste, pervers (et tout le bataclan) veille, guette, surveille et il va machiner contre le pauvre Bébé une sorte de complot qui va l'envoyer aux Baumettes, sous le prétexte qu'il a violé une jeune femme de Bosnie, depuis retournée à Sarajevo…

Sarajevo ! Voilà le mot lâché ! Le pont-aux-ânes de la bonne conscience bobo, un des terrains de parade favoris de M. Bernard-Henri Lévy, un mot qui claque fort aux oreilles progressistes. Pour sauver le jeune couple et le petit enfant qui va naître, Marianne (Ascaride, donc) part quémander la vérité auprès de la jeune femme violée qui, in fine, admet qu'elle n'a pas vu son agresseur et a été manipulée par le policier voyou.

On se demande pourquoi on va faire un tour à Sarajevo plutôt qu'à Zakopane ou à Rostock. À part le côté emblématique sus-rappelé, on n'en voit ni la raison, ni l'intérêt.

On se demande aussi pourquoi Guédiguian a cru devoir quitter le quartier de l'Estaque, où se déroulent presque tous ses premiers films, pour se poser au milieu de Marseille, du côté de la Joliette, dans ce centre éventré par les autoroutes et les voies rapides, qui confine au Vieux port et où paraissent continuellement les dômes néo-byzantins de la cathédrale de la Major.. En perdant ses racines, Guédiguian perd du savoir-faire, il me semble.

Toujours est-il que si le film ne manque pas de belles qualités (qui peut faire ainsi respirer, dans une image, l'odeur de la poussière chaude de l'été marseillais ?), si les acteurs habituels sont excellents et les nouveaux venus tiennent largement le choc, il ya un peu trop de ces naïvetés dont n'est malheureusement jamais exempt le cinéma de Guédiguian.

Cela dit, ce n'est pas si grave…


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