Accablant. Accablant parce que cet immense, ce gigantesque réalisateur qui demeurera dans l'histoire du cinéma, est mort à seulement 77 ans ; ce qui laisse penser qu'il aurait pu tourner dans la bonne dizaine d'années qui lui restaient à vivre encore un ou deux chefs-d'oeuvre. Et qu'on ne me dise pas que sa verve inventive, que son génie du bizarre lui auraient fait défaut : il a montré en 2017 avec Twin Peaks qu'il pouvait, vingt-six ans après la fin d'un feuilleton qui a révolutionné le monde, faire partager encore mieux fantasmes, horreurs, variétés, singularités, explorations des consciences.

Nullement amateur de séries, je suis un jour tombé par hasard, en zappant, sur une merveille qui m'a tout de suite surpris, emballé, émerveillé et d'autant plus appréciée que je n'y ai alors rien compris ; c'était sur Canal +, tard dans la nuit, un épisode de Twin Peaks ; je n'ai pas conscience, dans ma longue vie de cinéphage, d'avoir été aussi séduit par un film que je prenais en cours de diffusion ; le seul exemple que je pourrais citer est le choc que m'a donné La grande bellezza de Paolo Sorrentino que je continue à tenir pour le plus grand film du premier quart de siècle.

Donc David Lynch ; et après la révélation initiale, la découverte des films stupéfiants, tous si différents et si réussis : je ne crois toujours pas trouver des scories dans une filmographie finalement assez brève. Le malaise absolu de Eraserhead, un des films les plus gênants que je connaisse, le drame poignant et digne d'Elephant man. Après la parenthèse un peu trop commerciale de Dune (qui ne manque pourtant pas d'images et des scènes impressionnantes), le début des énigmes avec Blue velvet, Sailor et Lula, Fire Walk with Me, Lost highway… Le naturalisme fascinant d'Une histoire vraie.

Et le chef-d'oeuvre, sublimement incompréhensible de Mulholland drive.

Inland empire ? C'est vrai, Lynch va trop loin dans l'abstraction et les vertiges. Mais même là il parvient de-ci de-là à fasciner.

Qui d'autre l'a fait et en fera autant ?

Impétueux

Six films méritent à notre sens une réédition en salles ou en blu-ray en 2025 : Le destin de madame Yuki -1950- et La dame de Musashino -1951- (Mizoguchi), Les nus et les morts -1958- (Walsh), Les légions de Cléopâtre -1960- (Cottafavi), L'affaire Mattéï -1972- (Rosi) et Brèves vacances -1973- (de Sica). Ces six films que j'ai vus sur grand écran, dans une très bonne copie, à la cinémathèque française, présentent tous des qualités cinématographique élevées. A noter que Yoshiko Kuga (Le destin de madame Yuki mais aussi Bonjour, Fleur d'équinoxe,…) en photo ci-contre nous a quitté discrètement en 2024 à l'âge de 93 ans. vincentp

L'UGC Normandie, ouvert en 1937, a fermé ses portes avenue des Champs Elysées à Paris en 2004. Avant-lui, le Gaumont-Marignan. La FNAC située sur cette avenue vient également de fermer ses portes cette semaine. L'évolution de l'avenue vers un commerce de luxe destiné à une clientèle internationale en est la principale raison. Elle provoque une hausse des loyers et une baisse de la fréquentation.

L'année 2024 s'achève, il est temps de publier nos coups de cœur respectifs de l'année… Pour ma part, ils sont au nombre de 25 (sur un total de 250 films ou documentaires regardés). Il s'agit d'oeuvres vues (ou revues) en bluray ou dvd. Seule exception : Les sentiers de la gloire vu en salle. Une bonne dizaine de cinéastes inconnus de moi-même et talentueux, découverts comme Pen-ek Ratanaruang, Edward Yang, Eloy de la Iglesia, Erik Skjoldbjærg, Anthony Chen, Mani Kaul, Lino Brocka, Kinuyo Tanaka…

6 classiques : Delivrance, Massacre à la tronçonneuse, Les sentiers de la gloire, Guerre et paix de Bondartchouk, Pain, amour et fantaisie, Tortillard pour Titfield
3 Mario Bava : L'ile de l'épouvante, Baron vampire, Le masque du démon
3 Kinuyo Tanaka : La nuit des femmes, Maternité éternelle, La princesse errante
2 Lino Brocka : Insiang, Manille
2 films contemporains : Last life in the Universe, Otages à Entebbe
4 films italiens des années 1960-1970 : Un papillon aux ailes ensanglantées, La victime désignée, Danse macabre, Inglorious Bastards
5 films asiatiques : La vengeance du dragon noir, Onibaba les tueuses, Yi Yi, Outrage 2, Center Stage
vincentp

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La cinémathèque française renonce à diffuser Le dernier tango à Paris demain en salle, suite à une levée de boucliers de mouvements féministes, via le communiqué suivant : « Dans un souci d'apaisement des esprits, et devant les risques sécuritaires encourus, la Cinémathèque française annule la projection du Dernier tango à Paris, prévue dimanche, 20h. La sécurité de nos personnels et de nos publics passant avant toute autre considération."

"Nous sommes une cinémathèque, pas un camp retranché. Et nous ne pouvons prendre de risques avec la sécurité du personnel et du public. Des gens violents commençaient à s'annoncer et maintenir cette projection précédée d'un débat devenait un risque tout à fait disproportionné" (F. Bonnaud, directeur de la cinémathèque).

On trouve actuellement le film de Bertolucci, sous forme de dvd, dans les rayons de la FNAC. Il semble que ce soit le duo de gouvernance Rauger-Bonnaud de la cinémathèque qui soit la cible réelle des féministes, et non le film de Bertolucci… Celui-ci sert de prétexte à des querelles de personnes et de leadership.

vincentp