Mort de Michel Blanc (1952 -2024)
On n'imaginait pas que puisse mourir si tôt Jean-Claude Dusse. Parce qu'il était devenu un archétype, comme Harpagon,Tartuffe ou Cyrano. Je vais un peu trop loin ? Je l'admets volontiers. N'empêche que dans les cinquante dernières années, il n'y a eu que peu de ces archétypes qui se soient durablement installés dans nos mythologies. Et ce râleur insupportable, grognon, particulièrement égoïste, obsédé par la beauté des filles, faible et agressif, courant après l'aventure sans jamais pouvoir s'y accrocher, pique-assiette agressif et attachant, râleur au delà du supportable avait installé un personnage comme on n'en connaissait pas beaucoup et l'avait fait vivre. Cela au delà des Bronzés et des Bronzés 2, merveilleux films qu'on ne se lasse jamais de voir et de revoir et où il tient la dragée haute à tous ses copains du Lycée Pasteur de Neuilly, étonnante éclosion d'acteurs de grand talent.
Michel Blanc a un peu continué dans le genre. C'est normal : des années à courir après le succès, grâce à de tout petits rôles, en quatrième rideau, en silhouette quelquefois, souvent oublié au générique. Lorsque la notoriété éclate, on a évidemment tendance à ne pas la lâcher. ce n'est pas toujours excellent, même si c'est en complicité avec l'excellent Patrice Leconte : Ma femme s'appelle reviens (1981), Viens chez moi, j'habite chez une copine (1981), Circulez, y'a rien à voir (1982) sont de tout petits films, divertissants et médiocres.
Mais Michel Blanc quitte sa tutelle et c'est Marche à l'ombre qu'il réalise lui-même et qui va plus haut. Pourtant le personnage est toujours analogue. La rupture, sidérante, intervient en 1986 avec Tenue de soirée de Bertrand Blier : un changement total de personnage et une remise en question totale. Dès lors Michel Blanc est parti pour autre chose et n'hésite pas à faire la pige à Michel Simon dans Monsieur Hire (1989) à nouveau de Patrice Leconte qui est un remake très réussi de Panique de Julien Duvivier (1946).
C'est lui qui ensuite revient au premier rang en réalisant Grosse fatigue (1994), Mauvaise passe (1989), Embrassez qui vous voudrez (2002), des films subtils, intelligents, attirants.
La fin est beaucoup moins belle : niaiserie absolue de Je vous trouve très beau, Les Bronzés 3, le remake du Deuxième souffle. Mais, en 2011, le miracle magnifique de L'exercice de l'État de Pierre Schoeller, le film le plus conforme à la vie des cabinets ministériels.
Grand acteur, assurément, profond, même…
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Un homme à genoux, réédité en dvd/bluray
La programmation de la cinémathèque française à Paris
Mort d'Alain Delon (1935 – 2024)
Ce qui demeurera dans l'extraordinaire présence d'Alain Delon dans le paysage du cinéma de la France et du Monde, ce n'est pas l'abondance des films tournés (une centaine) ni même des grands films qu'il a interprétés : c'est que ces grands, ses immenses films ont été tournés dans une brève période de temps : en gros de 1960 à 1975, une quinzaine d'années. Pour donner une idée, un de ceux dont il fut le plus semblable dans la gloire mythique, Jean Gabin étend sa carrière importante de 1935 (La Bandera de Julien Duvivier) à 1971 (Le chat de Pierre Granier-Deferre), plus de 35 ans.
Comme pour Gabin, il faut écarter, pour Delon, les débuts et les fins de carrière ; l'horrible Année sainte (1976) pour le premier, le ridicule Astérix aux Jeux olympiques pour le second.
Mais entretemps ! Qu'est ce que je vais citer ? Pour ceux qui aiment le maniérisme de Visconti, évidemment Rocco et ses frères (1960) et Le guépard (1963) ; pour les autres, forcément Plein soleil (1960) de René Clément, Mélodie en sous-sol (1963) et Le clan des Siciliens d'Henri Verneuil(1969), Le samouraï (1967), Le cercle rouge et même Un flic (1972) de Jean-Pierre Melville, La piscine (1968), Borsalino (1970), Flic story (1975) de Jacques Deray, Monsieur Klein (1976) de Joseph Losey… Évident, tout cela.
Mais en plus dans mon Panthéon personnel, je garde au coeur L'insoumis (1964) d'Alain Cavalier, La veuve Couderc (1971) de Pierre Granier-Deferre, Le professeur (1972) de Valerio Zurlini, Traitement de choc (1973) d'Alain Jessua… Pas toujours de grands films, mais des images qui marquent.
Il était d'une beauté extraordinaire, mais la denrée n'est pas rare, au cinéma ; et à l'époque de son éclosion, il y a même embouteillage : un peu plus âgés Jean-Claude Pascal ou Gil Vidal ; de son âge, Jacques Charrier ; il en reste peu.
Mais resteront ses amours, mortes depuis bon temps : Romy Schneider, Mireille Darc ; je ne crois pas que les autres aient eu la même importance.
Delon était d’une race folle : celle qui aime passionnément la France : il n’avait pas la tête politique mais les réflexes les plus sains ; voilà qui n’est pas si fréquent.
Les Jeux Olympiques en ont pour quatre ans à revivre à Los Angeles ; mais Delon nous pouvons le revoir chaque jour ; et avec la même émotion.
Mort de Jacques Boudet (1935- 2024)
Peu à peu les gens meurent. C'est bizarre, n'est-ce pas, tant on les croyait immortels à les regarder sur les écrans. Même si, comme c'était le cas de Jacques Boudet, ils ne se montraient qu'en deuxième ou troisième rideau, dans des films qui ne déclenchaient pas des furies d'assistance; Jacques Boudet n'a jamais joué dans une superproduction internationale, n'a jamais interprété un super héros, n'a jamais fait rêver les jeunes filles.
Mais comme il était bon, présent, substantiel dans les films de Robert Guédiguian, avec sa tête de type normal, avec cette tête de voisin qu'on aimerait avoir à côté de chez soi ! Un de ces artisans modestes et consciencieux sans qui le cinéma n'existerait pas vraiment.
Impétueux
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