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Forum : 15 jours ailleurs

Sujet : Le passage ..

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De Tamatoa, le 5 septembre 2014 à 16:40
Note du film : 5/6

Formidable Didier Bourdon qui s'offre un rôle à la mesure de son talent, loin de toutes les gaudrioles dont il est capable comme cette décevante Madame Irma. Nous retrouvons l'acteur de La machine, entièrement engouffré dans son personnage, isolé du monde pendant une terrible dépression nerveuse. Il est de bon ton, aujourd'hui, d'appeller cela le "Burn-Out", mais une dépression nerveuse reste une dépression nerveuse. Didier Bourdon nous étonne, nous fascine par sa retenue. Tout de silence et de désespoir, il fait de ce téléfilm (que je considère comme un grand film !) une œuvre presque irréprochable. Déambulant comme un fantôme parmi d'autres fantômes, il incarne à merveille, sans outrance, la fragilité de l'être humain quand celui-ci perd tous les repères qui faisaient de lui autre chose que cette masse de graisse asociale qui perd pied et raison. L'univers psychiatrique est dépeint brut de décoffrage. Le réalisateur Didier Bivel ne cherche pas la poésie où elle n'a jamais mis les pieds. Mais, prudemment, il n'en rajoute pas dans la pagaille morbide des esprits malades. Il ne franchit pas la ligne jaune et reste dans la fiction qui n'effraie pas de trop. Prudent et réaliste, Il raconte avec une extrême honnêteté le passage d'un monde de fous à un monde de plus fous encore. La poésie, cette fée berçante, elle apparaitra, peut-être plus tard, si on sait la chercher, au détour de regards que deux âmes en perdition échangeront, entre deux bouffées de raison qui tarde à revenir.

Car dans ce tunnel sans lumière que représente un asile psychiatrique, une clarté va éclore. Elle s'appelle Judith Chemla. Magnifique comédiènne dont nous entendrons encore parler tant son jeu est irréprochable. Elle va, dans cet enfer qui est le sien, se rapprocher de celui de Didier Bourdon pour faire naitre ce dont les hommes, enfermés ou pas, manquent le plus : la confiance. Il est des endroits et des moments où certains sentiments se doivent de s'éveiller pour créer barrière au vide irréversible. Tout doucement, la complicité se fera une place et nos deux malades se reconnaitront. L'homme d'affaires épuisé et la très jeune psychotique feront connaissance et route très sinueuse ensemble. Jusqu'à la délivrance ? Peut-être pas. Mais la compréhension mutuelle est déjà une belle victoire. Et les victoires dans un univers où tout est flou de désespérance sont comme les gouttes d'eau au dessus du Ténéré..

15 jours ailleurs est une ouvre magistrale. Ouvrant la porte à la réflexion, sans grandiloquence. Sans le recours de l'Actors-Studio. Nous ne sommes pas dans Vol au-dessus d'un nid de coucou. L'Amérique est loin . Aussi loin que le rêve qui porte son nom. Nous sommes en France, dans l'esprit bien Français d'un réalisateur qui sait que la folie peut s'écrire sans démesure, sans excès. Cette folie qui nous guette comme les coups de foudre ou les accidents de la route. A l'improviste d'une vie que l'on croit nôtre mais qui n'appartient qu'au bon vouloir de nos esprits que l'on ne sait pas encore fatigués…C'est cela que des acteurs magnifiques, qu'un réalisateur soucieux de la simple réalité ont reussi à exprimer.

15 jours ailleurs ou quand la télévision a du génie.


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De fretyl, le 6 mai 2015 à 21:39
Note du film : 5/6

L'univers psychiatrique à depuis toujours été un univers tabou. Tabou parce qu'inquiétant, tabou parce-que le déséquilibre psychologique peut dans le courant d'une vie atteindre n'importe qui.

Moi qui suis un fervent opposant à cet univers hospitalier, à ces psychiatres qui ont fait de la France un pays sous antidépresseur, sous anxiolytiques et qui ne font que gaver de saloperies des esprits malades souvent utilisés comme cobaye pour des expérimentations de produits toujours dangereux, tout cela au profit d'un marché qui s’apparenterait presque à un trafic de drogue international ou les intérêts de laboratoires ou de divers lobbies pharmaceutiques sont en jeu ! Mais cela est un autre débat…

Je n'avais guère apprécié Vol au dessus d'un nid de coucou qui m'avait paru un peu trop fantasque. Cependant 15 jours ailleurs m'est apparu, en dehors de la douceur avec laquelle est traité un sujet ô combien sensible, comme une espèce de pamphlet plein de gravité.

Comment un cadre d'entreprise, un mari parfait, un collaborateur professionnel exceptionnel – en clair quelqu'un de normal, peut-il en quelques mois se casser la gueule au point se retrouver dans un asile ?
Sujet glaçant, courageux et réel. Bourdon utilise parfaitement le coté torturé qu'on a toujours pu sentir chez lui et reconnaissons le, sa prestation à fleur de peau y est magistrale. Que dire de 15 jours ailleurs si il ne fait prendre conscience que chacun d'entre nous pourrait sur un pétage de plomb sur un burn out se retrouver dans un établissement où ne règne que la déchéance humaine… Sujet tabou ! Mais également sujet qui fait peur !
Si le jeu de Bourdon a été justement salué et récompensé, on pourra regretter que celle-ci soit destiné à un téléfilm. Car effectivement 15 jours ailleurs a les atouts d'un grand film !


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