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Forum : Bonjour Toubib

Sujet : L'air de rien ..

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De Tamatoa, le 1er juillet 2014 à 03:49
Note du film : 5/6

Dans un premier temps, en voyant l'affiche du film, on se demande à quel nanar nous allons être confrontés. Noël-Noël n'a pas tourné que des films restés dans les mémoires. Surtout qu'au sortir du succulent A Pied, à cheval et en voiture, on pense facilement qu'il est bien difficile d'aligner coup sur coup deux films aussi originaux. Surtout que le très décevant A Pied, à cheval et en Spoutnik pointait son nez. Honni soit qui mal y pense ! Car ce soi-disant nanar se révèle être en fin de compte un film formidablement reussi ! Louis Cuny, le réalisateur, connais pas. Mais il nous délivre là une ordonnance très bien rédigée. On ne peut pas évoquer une grande originalité dans la mise en scène. Elle est même très académique. Mais Noël-Noël nous prend par la main et nous entraine dans une aventure humaine, faite de moments fort drôles et de minutes d'émotion vraie très intelligemment distillées. La relation père/fils est traitée avec soin et pudeur. Et même si Georges Descrières est un peu fade en face de ce Père pas tranquille du tout, la grande leçon de vie de l'ainé à son cadet fait mouche.

C'est un film doux, qui roule presque tendrement dans la retenue des pauvres et le désarroi de certains nantis qui n'ont pas tout compris… Mais l'humour du futur Blaise Poulossière veille en permanence, derrière sa petite moustache et son regard mutin.

"-Je suis Guérisseur, moi, monsieur !-"
"-Et moi, je suis docteur en mèdecine, monsieur !-"
"-Vous avez quelque chose contre les guérisseurs ?-"
"-je ne sais pas. Je n'ai pas de goût pour le music-hall !-"

Les scènes drôles alternent avec bonheur, et le concours des brillants dialogues de Jean Cosmos entre autres, avec ce qui fait la vie quotidienne d' un médecin généraliste qui croit en l'homme . Ce film, c'est Un grand patron, mais à l'étage inférieur. Se côtoient les grands pontes qui savent tout et rien et l'expérience "de la rue" d'un vieux médecin bien loin de ceux que nous connaissons aujourd'hui. Bien trop près de leurs honoraires libres à outrance et de leur vocation équivoque. Notre vieux Toubib ne rentre pas dans son hôtel particulier après sa journée de dix huit heures, mais dans son appartement modeste où il sait qu'un téléphone l'empêchera de faire sa nuit.. Il est humain notre Toubib. De cette humanité qui ne se lit que dans les yeux, et dans ses pas qui arpentent les pavés de Paris à des heures indues. Et, à notre grande surprise, quoi que, Noël-Noël arrive à faire passer une réelle émotion, lui qui nous a plutôt habitué aux Vieux de la vieille qu'à la cage aux rossignols. Il est une scène où il vient dire "au-revoir" à une mamie qui se meurt à l'hôpital. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que c'est moche de vieillir. Pour la mamie qui s'en va, mais pour votre serviteur aussi qui se surprend de plus en plus souvent à avoir la larmichette facile. Pas bon signe, ça… Mais ce fichu Adémaï, par une simple mimique, un regard qui change, une voix qui s'éteint doucement, arrive à nous émouvoir de façon magistrale. Sans en rajouter. Diable d'homme ! Pour repartir dans la minute qui suit d'une saillie humoristique qui nous arrache un rire bienvenu. Et surtout pas de morale. Notre Toubib fait juste la guerre à une vie qui se défend de ses logiques et de ses injustices meurtrières.

J'ai beaucoup aimé ce film : Beaucoup ! C'est un de ces films l'air de rien, une de ces oeuvrettes de pas grand chose comme il en a fleuri beaucoup dans les années cinquante. Mais qu'est-ce que c'est bien ! Qu'est-ce que ça fait du bien ! Avec ces acteurs de l'ombre comme Hélène Tossy, Gabrielle Fontan, Berthe Bovy ou Jean Galland, ces comédiens aux mille cachets, jamais vraiment célébrés. Et puis c'est inattendu. La moue que l'on faisait devant l'affiche n'est plus de mise. Elle a été remplacée par un bon gros sourire d'aise et de bien-être. Elle est loin, l'affiche . On s'en fout de l'affiche. D'ailleurs, ce film méritait mieux que ce dessin coloré certes, mais qui ne reflète pas l'histoire. Je vote sans grande illusion pour une édition en dvd, au cas où une maison d'édition passerait par là. Mais j'aimerais tant que cette petite perle ne tombe pas dans l'oubli. Alfred de Musset affirmait que les deux grands secrets du bonheur sont le plaisir et l'oubli. C'est faux : J'ai pris beaucoup de plaisir et je ne veux pas oublier ! Et si ma note peut paraître excessive à beaucoup, tant pis, j'assume ..

Parce que c'est franchement bien. Et que c'est un cinéma qui en vaut bien d'autres…


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De Impétueux, le 1er juillet 2014 à 19:16

Y a pas à dire, vous donnez envie, Tamatoa de découvrir ce film dont jamais, jamais je n'avais entendu parler…

On a bien oublié Noël-Noël et c'est bien regrettable ; plus que La cage aux rossignols, un peu trop mièvre, il faut, comme vous le faites, évoquer le vraiment excellent et narquois À pied, à cheval et en voiture (voilà un film qu'on devrait tenir à honneur de regarder chaque année, pour se nettoyer l'esprit) et Le père tranquille, un des plus beaux, des plus intelligents, des plus réalistes films qui se puissent sur la Résistance…

Je vote donc des deux mains !


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