Forum - La Cité des enfants perdus - Vestiaire de l'enfance
Accueil
Forum : La Cité des enfants perdus

Sujet : Vestiaire de l'enfance


De Impétueux, le 4 mars 2014 à 19:01
Note du film : 4/6

Il faut avoir dix ou douze ans, je pense pour être immergé dans l'étrangeté de ce film, pour en être sidéré, fasciné et, au sens fort, enchanté. Dix ans, douze ans, ce sont les âges où les phobies et les terreurs de l'enfance sont proches mais où on commence à en prendre distance et à ressentir du plaisir devant ses propres angoisses.

Car La cité des enfants perdus est à la mesure de son titre : une des peurs primordiales les plus fortes est, précisément, celle d'être coupé de la chaleur des siens, d'être perdu par (le petit Poucet) ou arraché à (Mystic river) ses parents. Cette sorte d'organisation maléfique qui traque les petits, dans l'entrelacs d'une cité oppressante pour les exploiter et les vendre est naturellement l'incarnation de cette crainte affreuse qui plane sur les plus jeunes années. Le film est une représentation moderne des récits horrifiques qui, de Perrault à Grimm ont encauchamardé nos nuits anciennes.

D'autant qu'il n'y a pas que l'horreur de la séparation : atmosphère nocturne, rues souillées de pluie, escaliers allant on ne sait où, lucarnes et trappes ouvertes on ne sait comment, on ne sait par qui… Et instruments bizarres qu'on imagine douloureux et torturants (l’œilleton métallique dont sont munis les cyclopes en manteaux de cuir me fait irrésistiblement songer à cette enseigne gigantesque de l'opticien Les frères Lissac, rue de Rivoli, qui m'avait traumatisé lors de mon premier séjour à Paris, précisément l'année de mes dix ans).

Et encore visages et dégaines bizarres de ces adultes dont on a peur : au premier rang de qui les épouvantables sœurs siamoises (Geneviève Brunet et Odile Mallet) méchancetés faites femmes (Dis donc, têtard, tu veux tout de même pas aller au trou ? Il y fait froid, c'est tout noir, y a plein d'araignées… Tu veux, hein, têtard ?). Mais aussi, bien sûr le singulier Krank (Daniel Emilfork, merveilleux acteur juif d'Odessa né à Santiago du Chili). Ce qui est drôle, c'est que La cité des enfants perdus présente un échantillonnage assez rare des grandes laideurs du cinéma français et international : Emilfork, donc, mais aussi Dominique Pinon, Ticky Holgado, Jean-Claude Dreyfus, François Hadji-Lazaro, Ron Perlman… ou la talentueuse naine Mireille Mossé

Avec les horreurs, on trouve aussi ce qui plaît à l'enfance qui finit, à l'adolescence qui commence : les petits trucs géniaux et farfelus (la souris qui porte à sa queue un aimant, ce qui lui permet de rapporter la clef de l'appartement qu'on cambriole, la puce munie d'un ardillon vénéneux), petits trucs aussi réussis que ceux d'Amélie Poulain, ce qui fait la marque de Jean-Pierre Jeunet

L'image est jaune sale et vert glauque, les décors, qui évoquent les architectures compliquées des volumes de Jules Verne des éditions Hetzel sont anxiogènes ; malheureusement le scénario est faussement habile et le récit traîne un peu en longueur, au point où on commence à bâiller alors qu'il reste encore un quart d'heure de film… Le fameux dernier quart d'heure de trop qui plombe la plupart des films…


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0032 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter