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Forum : La Peau de torpedo

Sujet : La ligne de démarcation


De Tamatoa, le 18 février 2014 à 20:18
Note du film : 4/6

Un Delannoy étonnant, tourné après le sous-estimé Soleil de voyous. Sorti en Espagne sous le titre Les fils de Mata-hari, le titre était plus approprié que celui là. Torpédo étant celui qu'il faut abattre, Klaus Kinski en l'occurence, n'apparaissant qu'à la toute fin et de façon rapide. Très déroutante en premier lieu, l'action ne s'installe que progressivement . On ne sait pas vraiment où l'on va puis la lumière se fait et on se retrouve dans une situation cornéliène assez inattendue. Un peu comme dans La totale de Claude Zidi, un homme est censé être antiquaire dans une boutique ayant pignon sur rue, pour cacher, même à sa femme, son vrai métier : Espion. Un jour, les aléas d'une mission l'oblige à se cacher, en tout bien tout honneur, chez une de ses complices de réseau. Hélàs, la meilleure amie de sa femme va le voir sortir du studio où il se planque en compagnie de sa complice et se dépêcher d'aller narrer l'infidélité flagrante à son amie. Et celle-ci d'aller laver son honneur en allant tuer mari et maitresse . La voilà en cavale, sans savoir qu'elle a à ses trousses, non seulement la police, mais tous les espions de la planète, qui, à leur tour et bien évidemment, la prenne pour une espionne de haut vol… Voilà pour l'intrigue très originale pour le moins.

Mais loin d'être un film d'espionnage "boum-boum", c'est une histoire qui se traine doucement. Une ballade devrais-je dire. Car la fort charmante Stéphane Audran, qui venait d'être la troublante Femme infidèle d'un Chabrol très inspiré, s'accorde une cavale plutôt bucolique, consciente de ce qu'elle vient de faire et que, tôt ou tard … Alors elle prend son temps. Le temps de faire ce que sa situation de femme "installée" ne lui permettait pas de faire. S'intérêsser aux autres, partir à l'aventure, flâner … Et de nombreuses scènes, qui paraitraient complètement obsolètes aujourd'hui, se déroulent dans un charme vieillot certes, mais fort agréable. Nous n'avons plus l'habitude de voir ce genre de film. Traité comme road-movie tranquille, malgré les cadavres qui s'accumulent, il est décontenançant et pourtant fort prenant. Stéphane Audran nous désoriante de part sa conduite . Loin de paniquer, elle profite sans excès. Sur sa route vont se succèder des hippies, un beau marin troublant, lequel paiera de sa vie et sans comprendre, cette situation inextriquable. Les prestations de Frédéric de Pasquale, espion implaccable, et de Michel Constantin en chef du contre-espionnage sont remarquables tout en restant dans le ton de l'époque. On ne peut d'empêcher de penser à la traque minutieuse du Samourai. Mais tous les acteurs sont choisis avec un soin particulier qui confère à ce film, outre son étrangeté, une atmosphère savamment feutrée. Je pense par exemple à Christine Fabréga, inoubliable Manouche du Deuxième souffle. Klaus Kinski, d'habitude extravaguant, conquérant, colérique, est ici d'un calme olympien, presque amorphe à la limite du végétatif. Lilli Palmer, espionne vieillissante et consciente se débat entre sa mission et ses sentiments. De beaux regards et des actes terribles..

Oui, vraiment, c'est une étrangeté que voir ce film aujourd'hui. Bien sûr, les années soixante-dix sont loin et tout ce qui en découle de nos jours semble bien dépassé, voire risible. Pour autant, le plaisir est bien là devant cette oeuvre qui a un petit côté apaisant, sans que pour autant elle nous semble soporifique. Elle est d'une autre époque, d'un autre cinéma que nous avons tous oublié mais qui pourtant à bel et bien existé. La lumière, les couleurs, les acteurs, la mise en scène, ne sont plus d'actualité, loin s'en faut. Quant' au titre, Français ou Espagnol ..

Mais c'est excellent quand même.


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