Stephen Frears est un réalisateur versatile et il faut le dire inégal. Pour ne prendre que des films relativement récents dans son parcours, j'ai aimé The Queen mais pas du tout Dirty Pretty Things.

Ici la réussite est complète: Judi Dench est comme souvent formidable en vieille dame idéaliste à la recherche de son fils. Plus surprenante est la composition irréprochable de Steve Coogan, acteur qui m'avait peu convaincu dans le peu que j'avais vu de lui, dans la peau d'un journaliste désabusé. Tous les deux forment un remarquable tandem.

Le scénario, bien que suivant une ligne dramatique forte inspirée d'une histoire vraie, est riche en moments d'humour, qui empêchent le film de tomber dans une sensiblerie inopportune.

Vous ajoutez à celà une mise en scène sans chichis qui insère avec brio des éléments documentaires et l'on obtient l'un des succès mérités de ce début d'année.

Un drame romantique traité comme un thriller avec un humour britannique omniprésent. Telle est l'équation de la réussite de Philomena (2013), œuvre émouvante sans être grandiloquente, dont le niveau de qualité artistique est incontestable. De nombreuses et logiques récompenses en festival (David di Donatello 2014 : meilleur film de l'Union européenne), et des nominations aux Oscars (dont meilleur film) et Golden Globes (dont meilleur film dramatique).

Il y est question des relations entre société civile et institutions religieuses, entre cultures nationales différentes, mais aussi entre individus d'âge et de sexe différents. En arrière-plan, une société contemporaine traitée de façon réaliste et avec amusement. La façon dont les deux principaux protagonistes enquêtent dans le couvent, cornaqués par les soeurs de la congrégation, faussement coopératives, est un monument.

La forme de Philomena est celle de professionnels chevronnés, avec un montage au cordeau. Et de superbes paysages également notamment de la campagne irlandaise par le chef opérateur Robbie Ryan (quatre-vingt films à son actif). Une gestion de la lumière de référence, en intérieurs et extérieurs. Intelligent, prenant, distrayant, le film contemporain réussi par excellence, et un des meilleurs films de Stephen Frears, avec The Queen.