Forum - Impasse des Deux Anges - Colloque sans ...lui
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Forum : Impasse des Deux Anges

Sujet : Colloque sans ...lui


De Tamatoa, le 28 janvier 2014 à 03:25
Note du film : 4/6

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé…

Voilà résumé le tout dernier film de Maurice Tourneur. Dés le très joli générique, il nous invite à nous concentrer sur son ultime poème, car s'en est un. Cette Impasse des deux anges, malgré son titre, sera pour lui une bien jolie sortie, malgré un bémol de taille. Moi qui ne suis pas un fan indécrottable de Signoret, j'avoue que là, elle envoie du bois. Joliment, tendrement, avec les indications d' Maurice Tourneur encore très inspiré. Une intrigue peu banale va la confronter à un Paul Meurisse hélas… loin d'être à sa place dans ce film. Il fait ce qu'il peut le débutant Meurisse, mais Signoret, c'est trop gros pour lui. Trop maigre, sous un immense chapeau qui prête à rire, le futur Monocle ne fait pas le poids. Eh tout le long de ce film pourtant fort charmant, un nom, un murmure, une voix nous obsède : Jouvet ! Mais oui, bien sûr, Jouvet ! En 1948, il tournait le très approximatif Entre onze heures et minuit et aurait mieux fait de délaisser le flic de trop et faire confiance à Tourneur.

Car indéniablement, Jouvet est le grand absent de ce film. De cette jolie bluette, il aurait fait un chef-d’œuvre ! Mais lui a t-on demandé ? Pour autant, la bluette se laisse voir. Et aussi bien entendre grâce à des dialogues très ciselés par un Jean-Paul Le Chanois très en verve et romantique comme une midinette. Vous dirais-je que Marcel Herrand, qui, je le déplore encore une fois, n'a pas droit à sa photo accolée à son nom, vous dirais-je, dis-je, qu'il est royal ? C'est inutile. Quelle prestance, quelle classe. Admirable dans le rôle de ce Cocu magnifique, il a autant d'égards pour Signoret qu'il en avait pour Arletty, son autre amour dans Les enfants du paradis. Un diamant dans une rivière de seconds rôles qui connaissent la partition… Un film où il nous semble donc entendre à longueur de temps Marie Bell murmurer à l'oreille de Jouvet le fameux poème de Verlaine dans l'éblouissant Carnet de bal. Et d'ailleurs, un rapprochement se fait très vite entre les deux films. Les deux héroïnes retrouvent des hommes qu'elles ont aimé et qui sont, les années passant, devenus des gangsters. Et ce si beau Colloque sentimental voit se balader sur les terres du souvenir non pas un mais deux couples..

Ces deux êtres qui se retrouvent dans des circonstances peu communes et s'en vont battre le pavé de leur passé a quelque chose de très touchant. Dommage, encore et mille fois dommage que ce Paul Meurisse vienne un peu gâcher la fête. Non pas qu'il soit exécrablement mauvais, non, mais pour jouer certains personnages, il faut une carrure physique et émotionnelle clairement affichée. Or en la circonstance, il donne constamment l'impression qu'on l'a poussé de force sur le plateau. Il n'y est pas ! Impasse des deux anges est un film qui exige de la part de ses héros une présence formidable. Signoret est magnifique, Meurisse botte en touche. Et cette image de Jouvet, encore et toujours qui s'impose malgré notre bonne volonté à essayer de la faire disparaitre. Impossible, c'était pour lui, de toute évidence. Et c'est bien le seul point négatif qui nous empêche d'apprécier entièrement ce film intelligent. Maurice Tourneur parvient quand même à mener cette ballade avec agilité. Ca reste fort agréable et la complicité avec Jean-Paul Le Chanois aurait du se renouveler plus souvent. La Main du diable, admirable coup d'essai, ne fut-elle pas merveilleux coup de maitre ? Ces deux là ne se sont pas croisé assez souvent. Et, à part Volpone, ont trop souvent négligé le grand, l'immense Jouvet. Pourtant, dans une carrière riche de 82 films, il y avait matière à mettre en scène celui qui disait si bien les mots de Verlaine ..

Ils ont fait l'Impasse sur lui. Sans lui. Tant pis. En attendant, dans l' impasse des deux anges, Les Amoureux sont seuls au monde


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De Impétueux, le 28 janvier 2014 à 13:34

J'ai craint un instant, en vous lisant évoquer Louis Jouvet disant un des plus beaux poèmes de Verlaine que – mais comment aurait-ce été possible ? – que vous ignoriez sa bouleversante interprétation de Carnet de bal où il est Jo et Pierre…

Mais non, bien sûr, vous saviez cette merveille absolue…


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