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Sujet : La vie en société, à toute époque !


De vincentp, le 14 décembre 2013 à 22:49
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Un lointain souvenir… mais revu ce soir et extrêmement apprécié. Voilà encore une superbe réédition dvd de l'éditeur Carlotta, et un très grand film italien. L'image et le son de Le decameron sont irréprochables, le film, daté de 1971, semblant avoir été tourné récemment. Beaucoup de qualités artistiques. La mise en scène (Pasolini) et la photographie (Tonino Delli Colli) sont magnifiques : variété et pertinence extrême des plans, suivant au plus près les personnages dans leurs pittoresques aventures. Des histoires terre à terre, montrant les vices, tares, complications, joies, peines, illusions, espérances, de la vie en société, sa réalité tout simplement.

La musique, les couleurs, la lumière, les plans donnent de l'ampleur et de l'altitude au sujet (le sketch de Giotto en est une parfaite illustration). Parfaite gestion des décors naturels de l'Italie de la campagne. Gestion géniale de la musique pour bâtir des émotions de spectateur, aux moments-clés. Pasolini, avec beaucoup de talent, réussit à montrer LA VIE que l'homme et la femme côtoient au quotidien, tout au long de leur existence. Et à donner vie tout simplement à une oeuvre de fiction. Certes, la vision de l'auteur est ambiguë (concernant la religion, par exemple) et personnelle, ceci pouvant peut-être rebuter certains spectateurs, attachés à des visions plus consensuelles.


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De Tamatoa, le 15 décembre 2013 à 00:30

Je vais peut-être et encore me heurter à une non-réponse, voire me faire jeter des cailloux, mais je me pose une question : N'est-ce pas ce film qui, à sa sortie, a fait très grand bruit à l'époque de par un soi-disant érotisme torride ? Je me souviens surtout de ce Décaméron comme d'un film qui aurait fait scandale et outré les bigotes et tous les cathos bien pensants … Me trompe-je ?


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De Impétueux, le 15 décembre 2013 à 23:08
Note du film : 2/6

Je n'ai pas souvenir que Le Décaméron, pas davantage que Les contes de Canterbury qui ont suivi aient choqué qui que ce soit. D'abord parce qu'il est sorti après 68, à une époque où toutes les provocations étaient encouragées, ensuite parce qu'il était davantage graveleux que subversif, enfin parce que les paillardises des moines et les galimafrées des prêtres ont de tout temps alimenté un anticléricalisme bon enfant, qui n'a pas de rapport direct avec l’irréligion.

Ce qui a beaucoup scandalisé, quelques années auparavant, c'est La Religieuse de Jacques Rivette ; là, à tort ou à raison (je n'ai jamais vu le film, mais j'ai lu Diderot), on a vu une attaque plus frontale contre l'Église.

J'ai vu ce que Pasolini a appelé La trilogie de la vie (les deux films suscités, plus Les mille et une nuits lorsque c'est sorti ; y en attendant un érotisme torride, j'avais été bien déçu, et j'avais été roulé à chaque fois. Quarante ans et plus après, il faudra peut-être que je réévalue mon jugement, si je trouve soldés les trois films dans quelque magasin…


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De Impétueux, le 29 décembre 2013 à 21:51
Note du film : 2/6

Cédant à un absurde scrupule de vérification, j'ai acquis pour quelques petits sous Le Décaméron et me le suis projeté, espérant absurdement revenir sur le jugement que j'avais formé à la sortie du film, qui était médiocre et n'avait pas besoin de confirmation, tant il avait été étayé, jadis, par la vision des deux autres volets de la Trilogie de la vie, Les contes de Canterbury et Les mille et une nuits.

On ne devrait pas forcer sa nature ; dès les jours heureux de mes Humanités, j'avais été particulièrement agacé par Rabelais et n'avais pas compris qu'on pût apprécier les outrances d'un auteur si éloigné du génie français, qui est de mesure et de retenue. Des tentatives de lire l'Heptaméron ou les Cent nouvelles nouvelles m'avaient tout autant rebuté ; plus tard, au temps où je dévorais tout Balzac, je m'étais tordu le nez sur les Contes drôlatiques et, après Mai 68, quand on a trouvé Sade en édition de poche, je n'ai pu aller plus loin que les vingt premières pages des 120 journées de Sodome (qui sont l'origine de Salo).

Vous mélangez tout ! va-t-on me dire ; certes, mais ces recueils de récits libertins ont trop de caractéristiques communes pour que mon ennui soit fortuit. Le film de Pasolini, qui n'est pas bien vigoureux, ni révolutionnaire (vraiment rien à voir avec Salo) dispense un ennui profond ; heureusement le cinéaste s'est limité à adapter dix des nouvelles du compendium de Boccace, qui en compte cent, tant les anecdotes sont battues et rebattues. Ce ne sont que moines paillards et nonnes hystériques, curés débauchés et maris trompés, femmes gaillardes et jouvencelles en chaleur, damoiseaux vigoureux et marchands rapaces.

Si, à l'époque, j'avais été un peu surpris de voir à l'écran les mentules masculines bien davantage que les corps féminins, c'est que j'ignorais l'homosexualité de Pasolini ; ça m'aurait sans doute alors dérangé, mais moins que son goût prononcé pour la crasse et la sanie qui a conduit cet intellectuel raffiné à de curieuses extrémités. Un seul exemple dans Le Décaméron ? La première histoire relate l'aventure d'un malheureux coq de village happé par une ravissante intrigante qui l'invite à coucher dans sa maison. Pris de coliques, il se précipite aux latrines qui ont été piégées pour son usage et se trouve immergé dans l'ordure, devant alors abandonner tout son argent et ses vêtements. On voit la finesse du propos et je crois encore entendre les rires gras des spectateurs de la salle de cinéma où j'étais allé voir le film… Tout est à l'avenant, ou presque : ça trucule, ça trucule…

Il y a pourtant quelques bons côtés dans ce film lent et ennuyeux : quelques trognes amusantes, mais surtout des décors, sans doute naturels, absolument parfaits qui donnent une image exacte de ce que pouvaient être les villes italiennes du quatorzième siècle, juxtaposition de ruines antiques, de venelles médiévales, de maisons patriciennes entrant déjà en Renaissance… Comme l'Angleterre de la même époque ne me semble, elle, présenter aucun attrait architectural et que l'Arabie est trop loin de mes références culturelles, je m'abstiendrai de revoir les deux autres volets de la Trilogie.


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De Arca1943, le 30 décembre 2013 à 14:04

«J'avais été particulièrement agacé par Rabelais et n'avais pas compris qu'on pût apprécier les outrances d'un auteur si éloigné du génie français, qui est de mesure et de retenue.»

De mesure et de retenue à une autre époque peut-être – à l'ère classique, comme on l'appelle – mais certes pas en pleine Renaissance, où le génie françois, c'est Rabelais. Je suis d'ailleurs persuadé, cher Impétueux, que vous ne serez pas surpris d'apprendre que Rabelais est mon écrivain français préféré ! En revanche, je n'entends rien à la solennelle "grandeur" de l'ennuyeux Corneille…


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